Regard Intérieur

Rav Mikhael Laitman

(commentaires sur le "Talmud Esser HaSefirot T 1 - Histaklout pnimit")

Traduction: Nelly Baron


    TABLE DES MATIERES

    Préliminaires
    Introduction

    Chapitre 1

  1. Il n'y a rien dans l'univers qui n'existe dans l'Infini. Les concepts antagonistes selon notre entendement sont unis en seul et même tout dans l'Infini
  2. Différences dans perception de la toute-puissance de l'en-haut : avant de Le comprendre au moyen de ce qui est reçu et après avoir reçu au moyen de notre perception dans l'en-bas
  3. Comment se représenter l'âme comme fragment du Créateur ?
  4. Le spirituel se dissocie par la différenciation des attributs tout comme le matériel se dissocie sous l'action d'une force physique de séparation
  5. La différence entre les attributs de la création et le monde de l'Infini
  6. Le travail nous est donné comme rétribution parce que celui qui reçoit l'aumône éprouve de la honte
  7. Quel lien y a-t-il entre les efforts et le travail de l'homme au cours des 70 années de son existence terrestre et la délectation éternelle ? Peut-on se représenter une rétribution plus imméritée ?
  8. La création a été créée par la pensée. Cette pensée est la cause, l'effet et la rétribution attendue, ainsi que l'essence de tous les efforts
  9. L'essence de la contraction. De quelle manière des actions imparfaites sont-ils issus du parfait?

    Chapitre 2

  10. Eclaircissements sur le dessein de la création
  11. Le désir de donner sans réserve du Créateur a induit dans la création le désir de recevoir, désir désigné par le terme "récipient" qui permet à l'homme d'éprouver du plaisir
  12. Le désir d'éprouver du plaisir est inclus dans le dessein de la création et il est basé sur le plaisir éprouvé à partir du Créateur même, il forme ainsi le degré de l'Infini
  13. Avant sa contraction, le désir de recevoir était indistinct du Créateur
  14. La contraction signifie que la Malkhout du monde de l'Infini a restreint son désir, la lumière a disparu car il n'y a pas de lumière sans récipient

    Chapitre 3

  15. L'origine des âmes

    Chapitre 4

  16. Après la contraction et l'apparition de l'écran vis à vis du désir égoïste, le désir égoïste devient inutile pour recevoir la lumière et sort du système des forces pures. A la place, c'est la lumière réfléchie qui est utilisée comme récipient
  17. L'homme se nourrit des forces impures, c'est pourquoi, comme elles, il utilise l'égoïsme
  18. Toute la création est incluse dans le monde de l'Infini, émane de ce qui préexiste, seul l'égoïsme est créé ex-nihilo
  19. Les branches proviennent de leur racine, ce que celle-ci contient est par conséquent perçu par nous comme un plaisir et ce qui lui est étranger, comme une souffrance
  20. Le désir d'éprouver du plaisir ne provient pas de notre racine, nous en éprouvons par conséquent de la honte et de l'impatience. C'est pourquoi il est dit que le Créateur a créé ce monde avec les sages pour nous donner la possibilité de faire des efforts au moyen de la Torah et des Commandements aux fins de transformer le désir de recevoir en désir de donner sans réserve
  21. Les pécheurs perdent à double titre, les justes gagnent à double titre

    Chapitre 5

  22. Le projet divin implique que tous les fragments de la Création parviennent obligatoirement à parachever leur réparation
  23. La Malkhout du monde de l'Infini correspond à la Malkhout ne posant plus de limites

    Chapitre 6

  24. La manifestation du désir en quoi que ce soit n'est possible qu'au moyen de son développement par les 4 phases du nom YHWH
  25. Le désir d'éprouver du plaisir apparaît dans la création uniquement si celle-ci y aspire personnellement
  26. L'unité de tous les mondes dans le dessein de la création est désignée par l'expression "lumière de l'Infini". L'unité de tous ceux qui reçoivent la lumière dans le dessein de la création est désignée par l'expression " Malkhout de l'Infini"

    Chapitre 7

  27. La lumière s'est retirée des trois premières phases bien que seule la 4-me phase se soit contractée
  28. Le rayon de lumière est ensuite revenu et a empli les trois premières phases, la 4-me est demeurée vide

    Chapitre 8

  29. La Hokhma est appelée "lumière", les Hassidim sont appelés "eau". La Bina est appelée "eaux supérieures", la Malkhout "eaux inférieures"
  30. Eclaircissements sur la nécessité des 4 phases de diffuser la lumière de l'Infini pour la création d'un récipient-désir d'éprouver du plaisir
  31. Les 4 phases dans le désir d'éprouver du plaisir correspondent aux lettres du nom YHWH qui sont les sefirot K - H - Z"A - M
  32. Les lettres iod-vav du nom de YHWH sont étroites parce qu'elles désignent uniquement une force

    Chapitre 9

  33. Un mouvement spirituel correspond à l'apparition de nouveaux attributs
  34. Le temps spirituel correspond au renouvellement séquentiel des attributs qui se déroule selon une relation de cause à effet

    Chapitre 10

  35. Toute la substance se rapportant à la création correspond au désir d'éprouver du plaisir, hormis cela, tout ce qui est présent dans la création se rapporte au Créateur
  36. Le désir de recevoir est le premier attribut de chaque créature, nous appelons cet attribut par sa substance parce que nous n'en comprenons pas l'essence

 

 

Préliminaires

Le présent ouvrage a été collationné à partir d'un ensemble de notes de cours préparées par les auditeurs des entretiens que j'ai organisés en me référant à l'ouvrage de Rabbi Yehuda Leïb Halevi Ashlag, "Talmud Esser HaSefirot, Première Partie, Histaklout pnimit" (Etude des Dix sefirot - Regard intérieur).

L'ordre et la dénomination des chapitres correspondent à l'original. Il ne s'agit pas de la traduction de l'original car les cours se sont déroulés sous la forme d'entretiens à bâtons rompus, ceci expliquant la présentation libre des articles, les répétitions, les passages inattendus d'un thème à un autre, ce qui est caractéristique d'entretiens spontanés.

La création repose sur la relation entre le Créateur et Sa seule création, l'homme. Combien de fois l'homme doit-il entendre cela avant que de commencer à le comprendre, avant que de prendre conscience qu'il s'agit de lui, et de lui uniquement ! Qui plus est, chacun est plus sensible à une explication, à un exemple en particulier correspondant à son type d'âme. Le caractère diffus de l'expression est par conséquent souvent justifié.

Il est recommandé au lecteur de se laisser porter par le courant libre et serein des débats présentés dans l'ouvrage, de s'inclure dans la réflexion sur les fondements de la création.

 

 

INTRODUCTION

Avant tout, il convient de savoir que pour évoquer des notions spirituelles, indépendantes du temps, de l'espace et du mouvement, il n'existe pas dans notre terminologie de termes pour les exprimer puisque tout ce que nous ressentons habituellement se déroule dans le temps, dans un endroit donné et évolue. Que l'évolution s'arrête, et notre vie s'arrête. Nous ne pouvons pas nous imaginer quoi que ce soit d'absolument immobile, arrêté dans le temps, n'ayant pas de volume.

Par exemple, notre univers occupe un certain volume. Si on devait l'extraire de l'espace où il se trouve, comment pourrait-on se représenter le vide laissé, alors qu'il n'y aurait rien en lui qui permette de le mesurer, de le décrire. Il n'y a ni corps, ni temps ni espace dans les mondes spirituels. Cela signifie que le spirituel n'a aucun rapport avec nos représentations, notre structure, notre nature, notre ressenti.

Sur quoi porte donc l'étude de la Cabale alors, et dans quel but ? Comment pouvons-nous parler de "ce sujet" dont nous ne pouvons nous faire aucune représentation ? Si nous ne pouvons pas absolument pas nous représenter le spirituel et, en dépit de notre généreuse imagination, nous ne sommes pas en mesure de nous le représenter, comment pouvons-nous alors comprendre ce qui est écrit dans les ouvrages de Cabale ?

Les cabalistes sont des êtres qui ont reçu quelque chose qui leur donne la possibilité de ressentir les autres mondes. Seul celui qui perçoit, ressent, comprend "ce" monde porte le nom de cabaliste car il reçoit ( cabale, du verbe recevoir, "lekabel"), les informations transmises.

N'étant pas en mesure de ressentir quoi que ce soit au-delà des limites du temps, de l'espace et du mouvement, nous sommes totalement aveugles, nous ne ressentons pas les mondes spirituels qui existent autour de nous. Ces mondes spirituels nous traversent en quelque sorte sans frôler nos organes récepteurs qui n'y sont pas sensibles. Ils existent pourtant ! Bien que nous ne puissions pas nous représenter les mondes en dehors de l'espace, du temps et du mouvement, nous devons toutefois accepter que ces notions n'existent pas dans les mondes spirituels.

Par quels termes peut-on exprimer une notion quelle qu'elle soit concernant les mondes spirituels ? Comment le cabaliste peut-il nous parler de ces mondes si ceux-ci sont dépourvus de ce que nous connaissons dans notre monde, notre monde étant perçu par nous uniquement dans le temps, l'espace, le mouvement ? Tous les termes que nous employons font référence aux sensations reçues par nos organes des sens, c'est ce qui a donné naissance à notre vocabulaire. Nos impressions sont quelque chose de totalement subjectif. Nous ne pouvons pas comparer ce que nous ressentons, nous ne pouvons pas savoir ce qui est bien ou mal, beaucoup ou peu, nous mesurons tout par rapport à nous, par rapport à nos désirs subjectifs au moment où nous mesurons.

Il n'y a pas d'étalon absolu dans ce domaine, nous savons bien par expérience que nos sensations changent. Tout organisme vivant perçoit son monde à sa façon. J'ai choisi le terme "son monde" spécialement car pour chacun il est sien, et nous ne pouvons pas comparer notre perception en terme de similitude. Chaque création, inanimée, végétale ou animale perçoit le monde à sa façon. D'après les affirmations scientifiques, chaque type d'animaux a, par ses organes de la vision, une image tout à fait spécifique à lui du monde environnant, chacun ayant des organes des sens différemment structurés.

Si des extraterrestres nous racontaient la façon dont ils perçoivent leur monde au moyen de leurs organes des sens, comment pourrions-nous comparer nos sensations, notre langue étant basée sur notre perception qui inclut arbitrairement le "bon- le mauvais" dans les notions exprimées. A la question "comment allez-vous", nous répondons "bien" ou "mal". Dans le cadre de nos relations sur cette Terre, c'est suffisant, nous nous comprenons.

Nous communiquons en sachant que les problèmes de différence de mentalité, de culture, d'état d'esprit restent dans les limites de représentations générales. Cependant, sauf pour ce qui est des limites des concepts qui sont celles de notre perception subjective, ce que nous ressentons relève de notre imagination, car nous ne savons pas dans quelle mesure nous sommes dans l'absolu.

Par exemple, notre vision photographie un impact sur notre organe visuel, l'impression subjective, limitée, est transmise à notre cerveau qui analyse ce qui nous est extérieur.

Toute notre perception du monde environnant dépend de nos organes des sens, de leurs limites. Nous ne connaissons pas ce qui nous entoure, nous ne pouvons que ressentir à l'intérieur de nous une certaine sollicitation de nos organes des sens, dans les limites de leurs facultés réceptrices.

Nous ressentons non pas les effets de quelque chose extérieur à nous sur nos organes des sens, mais seulement la réaction de nos capteurs à la partie, au fragment, au diapason des sollicitations extérieures auxquelles ils sont sensibles.

Ce processus nous montre bien que nous sommes une "boite fermée" qui sent en elle des réactions aux sollicitations d'éléments extérieurs, il nous appartient de prendre conscience que la richesse de notre langue qui nous permet de communiquer et d'analyser ne reflète qu'une partie infime de ce qui existe autour de nous, et que nous ressentons de manière indirecte.

S'il en est ainsi, comment pouvons-nous, au moyen de notre langage créé en référence aux sensations subjectives que nous avons de notre monde, exprimer ce que nous percevons objectivement en matière de spirituel ? Si nous prenons même le terme "lumière", terme des plus subtils dans notre monde, le plus proche du spirituel, il nous évoque pourtant la lumière du soleil ou la lumière de la raison, absolument pas la lumière divine. A ce propos, dans notre monde également, la lumière reste un phénomène peu compréhensible malgré les toutes les théories corpusculaires.

Le Ramban écrit que notre univers est créé à un niveau situé au-dessous de la vitesse de la lumière. Au-dessus de la vitesse de la lumière, il ne s'agit plus de notre monde. Notre représentation de la lumière est différente dans notre monde. Par exemple, nous disons "y voir plus clair', "avoir été éclairé", etc. ; il s'agit juste de la pensée, du raisonnement.

Nous choisissons des mots en fonction de nos sensations, nous les transmettons à autrui qui, en fonction de sa représentation mentale, se forge sa propre perception en fonction de nos mots. OÙ est l'étalon unique au moyen duquel nous pouvons mesurer la similitude des sensations provoquées par un seul et même mot, une seule et même notion ?

Ne s'agissant pas de comparaison précise de notre perception (la psychologie et la psychiatrie ne semblent pas avoir encore abordé le sujet), il ne nous reste plus qu'à employer des concepts sans avoir vérifié la similitude de notre perception.

La perception ne peut pas être obligatoirement similaire d'un individu à un autre. Nous ne pouvons éveiller chez autrui que quelque chose de ressemblant, c'est là tout le problème de la langue. Par ailleurs, si nous ne pouvons pas exprimer verbalement avec précision notre perception de ce monde, comment pouvons-nous nous exprimer pour décrire des sensations spirituelles ? Les mondes spirituels sont faits de sensations, ils sont dépourvus de corps, ils ne sont que désirs et ressenti. Les cabalistes nous disent qu'il s'agit de sensations d'une absolue précision qui nécessitent une expression parfaite et précise.

S'il en est ainsi, comment pouvons-nous exprimer par des mots des notions précises ayant trait à la perception des plus fines, des plus subtiles des mondes spirituels ? La description des mondes spirituels concerne l'âme humaine, les degrés du rapprochement avec le Créateur, autrement dit, les degrés de la perception grandissante du Créateur. La Cabale divise l'âme universelle en deux parties, elle donne à chacune de ces parties une dénomination correspondant à ses attributs, décrit les actions de chacune d'elles. C'est cela le langage des sensations, il est cependant rigoureux, il permet d'avoir recours à des graphiques, des plans, des formules. La Cabale est l'ingénierie des âmes. Comment pouvons-nous appliquer notre langage terrestre imprécis à des recherches et des descriptions précises ?

Essayez de dresser une évaluation précise de votre humeur et comparez la, après en avoir fait un graphique, à l'humeur d'une autre personne, comparez en pourcentages avec votre humeur de la veille, essayez d'exprimer toutes les nuances de votre ressenti en chiffres, en fonction de l'humeur provoquée par l'état physique, les soucis, la fatigue, la crainte, le moment, etc. Nous ne pourrons pas dans notre monde obtenir une gradation exacte de ce qui concerne le domaine de nos sensations.

Prenons l'exemple de quelqu'un qui effleurerait quelque chose de brûlant, l'excitation dans son cerveau dépendra de son humeur, de son état physique, de son entraînement qui sont propres à chacun. Nous ne pouvons pas comparer en pourcentage, en quantité, en qualité le plaisir procuré par la musique avec celui que fait éprouver un plat. Si notre langue est aussi primitive, limitée, subjective et imprécise, comment les cabalistes ont-ils pu la prendre pour décrire des phénomènes spirituels de la plus grande précision et pourquoi l'ont-ils employée et n'en ont-ils pas mis une autre au point ?

Prenons l'exemple d'un symbole qui ne serait pas utilisé correctement. Celui qui connaît ce symbole, ignorant de l'erreur, ne comprendrait pas les résultats. Pour cette personne l'affirmation scientifique serait totalement inexacte. Par contre, celui qui ne connaît pas les symboles considérerait ces mêmes résultats comme justes. Si une personne prend des termes de notre monde ou en invente et entreprend de décrire les mondes spirituels, il est clair que ses descriptions ne seront pas authentiques.

C'est pourquoi, les cabalistes ont choisi une langue particulière pour décrire leur science, il s'agit de la langue des branches. La raison en est que tout dans notre monde, l'inanimé, le végétal l'animal, l'homme, tous les événements qui les ont touchés, qui se produisent et continueront à se produire, autrement dit, tous les éléments et leur organisation sont créés, gérés, maîtrisés par le Créateur. Tout passe par les mondes spirituels avant de parvenir dans notre monde. Cette organisation se renouvelle en permanence dans l'en-haut, du haut vers le bas, pour descendre dans notre monde.

Tout ce dont fait l'objet notre monde commence obligatoirement dans les mondes supérieurs puis descend ensuite progressivement, par degrés, dans notre monde. Tout dans notre monde est le prolongement des mondes supérieurs, il y a par conséquent une relation rigoureuse entre les éléments de notre monde, les conséquences et leur cause, leur source dans les mondes spirituels.

Les cabalistes ont mis en évidence ces relations en observant les éléments supérieurs à l'origine de cette relation, ainsi que les éléments inférieurs de notre monde qui reçoivent par leur lien avec le spirituel inconsciemment, imperceptiblement, qui en sont la continuation et qui s'organisent dans les mondes spirituels, ils peuvent donc avec précision nous dire qu'est ce qui est lié à quoi car ils peuvent désigner les éléments-racines des mondes supérieurs par les noms de leurs conséquences matérielles, leurs branches, dans notre monde.

Ceci explique la raison pour laquelle cette langue a reçu pour nom la "langue des branches" (et non la langue des racines car ce sont les branches qui sont désignées). Les cabalistes ont employé cette langue qui décrit précisément les mondes spirituels au moyen de nos termes. Cette langue est comprise par ceux qui comprennent les deux mondes.

Il s'ensuit une règle générale applicable à notre lecture de la Torah : nous devons toujours avoir à l'esprit que les mots que nous lisons en Cabale et dans l'ensemble de la Torah ne sont que des mots (non des éléments) de notre monde, et que ces mots désignent des racines, éléments spirituels qui n'ont rien à voir avec notre monde, nous devons bien faire la distinction.

La Torah nous expose les noms saints du Créateur, autrement dit les réalisations divines car un nom désigne une réalisation. C'est semblable dans notre monde à ces éléments qui sont désignés par nous en référence à ce qu'ils évoquent dans nos sensations.

La Torah est la description des degrés qui nous rapprochent du Créateur, qui nous permettent de percevoir le Créateur. La langue de sa rédaction a été choisie par les cabalistes pour s'expliquer entre eux, pour se transmettre mutuellement leurs connaissances sous la forme de mots, de symboles de notre monde comme le feraient des mathématiciens à l'aide de formules pour décrire notre monde. Les deux cabalistes, celui qui écrit et celui qui lit, comprennent de quoi il s'agit, ce qui est sous-entendu par tel ou tel terme en Cabale.

En résumé, un mot est un code qui exprime un élément spirituel et son état. En lisant ce mot, un autre cabaliste pourra le ressentir comme un interprète comprend le musicien. Autrement dit, ressentir ce qu'entend par tel ou tel mot l'autre cabaliste, ressentir ce que signifiait exactement l'auteur. Supposons un extraterrestre qui aurait débarqué sur notre planète et nous parlerait dans notre langue, en employant nos mots, mais que derrière ces mots il placerait d'autres significations. Pourrions-nous appeler cela "notre langue" ? Avant que d'entreprendre son instruction, il faudrait que nous sachions ce que signifient les termes qu'il emploie. Les cabalistes peuvent se transmettre mutuellement leurs connaissances parce que leur langue correspond aux dénominations des branches dans notre monde, chaque dénomination parlant d'un élément bien déterminé.

En employant une dénomination de notre monde, les cabalistes comprennent exactement ce qu'elle désigne dans les mondes spirituels, autrement dit sa racine. Toute la différence entre nous et les cabalistes réside en ceci que lorsque nous lisons, les mots que nous connaissons désignent pour nous des éléments, des branches de notre monde. Quand les cabalistes lisent un texte, ils voient non pas les branches de ces mots mais leurs racines, les éléments situés dans les mondes spirituels.

C'est pourquoi la Cabale emploie des termes particuliers comme "neshika", baiser, "zivoug", accouplement, "khibouk", étreinte, a recours aux dénominations de tous les détails du corps humain, notamment "nartik", vagin, "rekhem", matrice. Il est indubitable que les actions des processus spirituels n'ont rien de commun avec ce que désignent ces termes dans notre monde.

Même la personne qui ne connaît pas la Cabale convient qu'elle est une science qui dépasse notre raison, notre logique et, naturellement, nos habitudes comportementales. La spiritualité est constituée d'actions qui ne proviennent pas de désirs égoïstes bas.

Pourquoi les ouvrages de Cabale évoquent-ils des notions parfois inconvenantes auxquelles nous n'avons recours qu'en cas de nécessité ? La langue des branches employée pour désigner les éléments spirituels au moyen de mots de notre monde, fixée autrefois par des cabalistes ne peut pas être modifiée.

Pour s'exprimer, les cabalistes choisissent des termes en relation directe avec leurs racines sans prendre en considération leur caractère correct ou agréable. En aucun cas, ces termes ne peuvent être remplacés les uns par les autres. Tout comme deux cheveux n'ont pas une racine commune, il ne peut pas y avoir deux éléments de notre monde issus d'une seule et même racine spirituelle. Chaque créature a sa racine spirituelle.

Toute dénomination dans notre monde correspond à une racine dans les mondes spirituels, tout élément appartient à sa racine spirituelle qui est désignée par cette dénomination. Il ne peut, par conséquent, pas y avoir deux racines spirituelles portant une même dénomination, comme deux éléments distincts de notre monde ne portent pas le même nom. Chaque élément ou processus dans notre monde sont rigoureusement désignés par leur nom. Une fois définies les dénominations des éléments et des phénomènes de notre monde, il n'est pas possible de désigner leurs racines par des dénominations différentes.

Il existe une relation très précise entre une racine et sa conséquence dans notre monde, chaque entité de notre monde correspond rigoureusement à une entité spirituelle. Des petits liens relient les racines à leurs branches, invisibles de nous mais connus des cabalistes.

Qui plus est, le lien entre la racine spirituelle et la branche matérielle n'est pas "figé", il se déroule un processus de développement, de renouvellement. Depuis le début de sa création et jusqu'à sa fin, notre monde fait l'objet d'un processus de construction, de réparation, d'élévation, etc.

L'évolution se fait selon un plan rigoureusement défini dont le moindre détail a ses répercussions dans notre monde. Chaque élément évolue pour lui-même et, bien qu'il se mêle, s'unisse à d'autres éléments, il ne disparaît jamais, son essence demeure, il peut prendre d'autres formes, mais chacun conserve sont individualité.

Ceci explique pourquoi nous ne pouvons pas employer une dénomination à la place d'une autre. Un code linguistique précis existant, chaque mot est employé en relation avec sa racine spirituelle comme nous l'ont indiqué les cabalistes. Il existe des sources cabalistiques dont les auteurs avaient atteint de telles hauteurs spirituelles qu'ils ont pu définir précisément chaque concept, c'est à celles-ci qu'il convient de se référer.

Dans les ouvrages cabalistiques, des termes comme "baiser", "acte sexuel", "habillement", "déshabillement", "vêtement", "chair", "circoncision", sont liés à l'absorption et à la séparation, nous devons comprendre que ce sont ces mots qui indiquent des racines spirituelles qui ne peuvent pas porter d'autre dénomination si nous prenons pour référence leurs branches dans notre monde. En aucun cas, nous ne devons imaginer que les mondes spirituels sont le siège de processus à comprendre dans le sens que leur donne notre monde pour désigner leur branche.

Il est par conséquent difficile pour la personne non préparée, qui n'a pas l'habitude de la traduction automatique des mots dans la langue des concepts spirituels, de lire des textes de Cabale. Il en est ainsi pour l'ensemble des livres de la Torah dont les récits sont écrits sous la forme de légendes, sans parler du "Cantique des cantiques" qui relate un amour pouvant être compris par nous selon les standards de ce monde. Il est très difficile de faire abstraction des représentations qu'évoquent pour nous des mots connus et de leur donner un nouveau sens car des liens précis relient déjà ces mots à des sensations vécues.

Cette transformation est plus facile pour les personnes pour lesquelles l'hébreu n'est pas la langue maternelle car cette personne ne connaît pas la correspondance absolue entre le terme hébreu et la sensation correspondante. Ce lien entre les mots et les sensations n'existe que dans la langue maternelle. Il est plus difficile par conséquent pour celui dont l'hébreu est la langue maternelle de se débarrasser de ces liens, de les couper pour faire cesser la relation avec les sensations évoquées.

Ces liens disparaissent toutefois progressivement pour être remplacés par de nouveaux à mesure que l'étudiant travaille sur lui-même, qu'il avance dans sa recherche spirituelle qui permet de mettre en place les notions correspondant à la langue des branches. Le lecteur traditionnel du Pentateuque, du Talmud, des légendes des prophètes, des Ecrits saints ne peut tout simplement pas se défaire des liens habituels des mots connus qui désignent des concepts qu'il ne connaît pas. Seules quelques unités comprennent la Torah qui ne parle que des attributs sacrés divins. Qu'est ce que cela signifie ?

Nous donnons un nom à un élément en fonction de ses attributs après avoir analysé et défini son essence. Le cabaliste, en s'élevant dans sa perception des mondes spirituels, a connaissance des manifestations, des actions divines, des attributs du Créateur, et il donne une dénomination à son ressenti. Ne peut donner des noms au Créateur que celui qui Le ressent.

"La Torah décrit les attributs du Créateur" : cela signifie que seul celui qui s'élève sur le chemin spirituel et qui ressent le Créateur, découvre la Torah, la lumière qu'il reçoit s'appelant alors "Torah", la "lumière de la Torah" ("Or", lumière). Les cabalistes n'ont par conséquent pas de difficultés à voir les racines supérieures évoquées par les mots de la Torah qui est un livre saint car il parle des attributs divins, de Son monde.

Qu'est ce qu'un partsouf ? Si sa tête est pénétrée par la lumière de la Hokhma, ce partsouf porte le nom de "partsouf hokhma". Si ce partsouf est pénétré par la lumière des Hassidim, il est appelé "partsouf bina". Le degré supérieur, celui auquel a réussi à accéder l'homme définit la dénomination de celui-ci. Il en est de même dans notre monde des hommes qui sont souvent appelés par le degré auquel ils ont réussi à accéder : "chef de tel ou tel service", académicien, etc. L'exemple suivant permettra peut-être de vous faire une représentation de la langue de la Cabale.

Supposons un homme vivant dans notre monde que des scientifiques auraient relié par tous ses organes des sens à toutes sortes de capteurs, et par son cœur comme récepteur de toutes les sensations. De cette façon, les scientifiques pourraient dresser une carte, des diagrammes et des tableaux de tout ce qui influe sur l'homme de l'extérieur : influences sonores, olfactives, visuelles, tactiles, et les réactions, les signaux qu'elles induisent en l'homme. Ensuite, les scientifiques relieraient l'homme à des sources de signaux électriques et enverraient dans le cerveau de l'homme des signaux comme s'ils provenaient de la source d'origine, et non du démodulateur.

L'homme, naturellement, ne sentirait aucune différence car il recevrait le même signal qu'émet la source "d'origine". Ensuite, comme dans toute expérience scientifique, les scientifiques créeraient la terminologie de leurs investigations. Ils entreprendraient de donner des dénominations techniques aux influences et aux réactions, aux sensations de l'homme : nous envoyons tel et tel signal, nous obtenons telle et telle réponse. Les étudiants en Cabale font sur eux-mêmes des expériences de ce type appliquées à l'influence sur eux de la seule source de nos sensations, la lumière divine, et ils décrivent leurs réactions.

Ce qu'il ressent de l'influence sur lui de la lumière et ses réactions, le cabaliste en prend conscience concrètement tant du point de vue de celui qui est soumis à l'expérimentation que de celui qui y procède, il peut donc décrire ses sensations non pas sous la forme de musique ou de vers, mais d'informations précises. C'est pourquoi la Cabale est dite la science authentique de la Torah, "Hokhma Emet" ou "Torat Emet".

L'homme de notre monde qui n'est pas parvenu à pénétrer les mondes spirituels possède en lui un récipient spirituel nommé keli (récipient en hébreu) sous la forme d'un petit point dans le cœur. Ce point spirituel ne se situe pas physiquement dans notre cœur, il n'est que ressenti. Si l'homme étudie la Cabale selon des sources authentiques, il développe progressivement en lui ce point en y créant le vide. A l'intérieur de ce point, il peut ensuite recevoir la lumière spirituelle, autrement dit ressentir le Créateur.

L'action de ressentir le Créateur est désignée par le terme lumière. Le récipient qui peut se remplir de lumière ou en est déjà rempli est appelé partsouf. La taille du récipient est définie par le niveau spirituel. C'est pourquoi en Cabale, une dénomination ou un nom, prenons celui de Moshé qui signifie non pas un ami appelé Moshé, mais le nom de notre prophète Moshé, non pas son aspect physique mais son niveau spirituel, le degré suprême de spiritualité auquel il a accédé, le degré portant le nom de Moshé. Si je parviens, dans ma progression spirituelle, à ce degré, je recevrai le nom de Moshé.

C'est pourquoi le niveau spirituel d'un cabaliste est un partsouf qui est déterminé par la force avec laquelle il parvient à capter la lumière divine, le degré de pénétration par la lumière. En lisant, le cabaliste sait ce qu'il doit faire, quelles actions sont décrites dans les ouvrages. Spirituellement, par son corps spirituel, son partsouf, il fait ce qu'il a à faire. Les actions spirituelles sont appelées commandements car elles représentent le désir du Créateur qui veut que l'homme les observe pour recevoir Sa lumière, Le ressente.

C'est ainsi que nous devons comprendre pourquoi les cabalistes ont choisi un vocabulaire parfois inconvenant. Ce sont des actions spirituelles altruistes qui sont évoquées par ces mots alors qu'en lisant "étreinte", "baiser", "accouplement", nous pourrions comprendre qu'il s'agit de plaisirs bestiaux.

L'enveloppe extérieure du mot demeure inchangée. Il est pratiquement impossible de comprendre la Torah au moyen des catégories de notre monde : il est dit à propos de Adam créé par le Créateur que c'est un voleur, de l'épouse de Moshé que c'est une femme vénale, de Laban (la lumière supérieure de la Hokhma) que c'est un méchant, etc. Tout simplement nous ne comprenons pas le sens spirituel authentique qui se dissimule derrière les mots que nous connaissons. Toutes les langues ont leurs racines spirituelles, comme tout d'ailleurs dans notre monde. Seulement aucune racine ne ressemble à une autre. A l'achèvement de la réparation du monde dans son ensemble, les différences entre les éléments de tous les mondes disparaîtront, en attendant, il y a des racines spirituelles, supérieures et inférieures, fondamentales et auxiliaires.

Le monde étant structuré conformément à la pyramide spirituelle, pour le moment, avant le parachèvement de la réparation, tous ne sont pas égaux. Celui qui est plus proche des mondes spirituels peut être pire de par ses qualités s'il n'est pas encore entré dans les mondes spirituels, et il se situe au stade de son développement préliminaire, il prend conscience de son propre mal, il peut devenir meilleur. Celui qui est le plus éloigné de l'entrée dans les mondes spirituels peut être encore bien meilleur. Il s'agit de ceux qui travaillent à leur perfectionnement spirituel. Il n'existe pas de mauvaises ou de bonnes gens tel qu'on l'entend dans notre monde.

Il n'est pas possible de parler de ceux qui n'étudient pas la Cabale parce que ces personnes ne ressentent en elles aucune notion authentique, elles ne peuvent donc pas être comparées à l'étalon spirituel. Il y a des différences entre les racines tout comme entre leurs branches dans ce monde. Il y a également des différences entre les langues. Peut-on prendre n'importe quelle langue comme langue des branches ? En principe chaque langue a une racine spirituelle qui lui est propre. L'hébreu est la seule langue dont nous connaissions le code avec précision, c'est une langue dont les lettres ont permis de construire le monde, et le mot exprime la nature, l'essence de tout élément.

C'est pourquoi il est dit que la Torah "nous a été donnée" en langue hébraïque. Il n'y a pas de lettres dans "l'en-haut" mais les attributs spirituels qui nous ont été décrits sous la forme qui est représentée par les lettres de l'hébreu (voir le Livre du Zohar, paragraphes 22 à 39). De plus, il existe quelques langues pour décrire les mondes spirituels : la langue de la Cabale, la guématrie, les sefirot. Par ses explications des 10 sefirot, le ARI a permis à tout débutant de commencer à comprendre la Cabale.

Toute la Cabale s'est ouverte grâce au ARI. Le Zohar est écrit dans une langue inaccessible à notre compréhension, il a recours aux légendes. Avant le ARI, les cabalistes décrivaient les mondes spirituels avant la descente de la lumière. Leurs récits n'étaient pas scientifiques mais une description spéculative de ce qu'ils voyaient.

Le ARI n'a pas seulement décrit les processus spirituels, il en a exposé les raisons en analysant l'interaction de l'écran et de la lumière. Il a décrit avec précision les lois des processus spirituels sous la forme de lois de causes à effets. Le ARI n'a peut-être pas été le plus grand des cabalistes, mais il lui a été donné de nous parler de toute la Cabale. Seul le ARI a reçu cette autorisation. Qu'a fait le Baal HaSoulam ? Il a repris la Cabale du ARI et a fourni des explications à propos de tout ce qui pouvait être éclairci en dehors du temps, de l'espace et du mouvement.

Tous les problèmes spirituels qui nous ne connaissions pas et que nous ne comprenions pas, il les a expliqués de telle manière que nous puisions les étudier d'après ses ouvrages, sans matérialiser ce que nous étudions, sans nous représenter mentalement des éléments concrets, pour que nous ne nous fassions pas d'image du spirituel, que ne pensions pas que les forces spirituelles sont incarnées dans notre corps physique, qu'il y a des forces spirituelles entre nos mains, en notre pouvoir, que nous n'imaginions pas qu'en observant mécaniquement un Commandement, nous agissons directement sur le spirituel, autrement dit qu'il y a un lien direct entre le spirituel et le matériel, au mépris du commandement "tu ne te feras pas d'idole". C'est ce que signifie être idolâtre, et non se prosterner devant une pierre ou un arbre, ce qui n'est absolument pas le sens de ce commandement.

L'idolâtrie est la matérialisation des représentations spirituelles. C'est en raison d'une déformation possible que la diffusion de la Cabale avait été interdite. Le Baal HaSoulam a su parler de la Cabale de telle manière qu'il n'y ait pas de risque de matérialisation des représentations spirituelles dans les notions étudiées par l'élève. Avant lui, les hommes n'étaient pas préparés à recevoir cet enseignement, la Cabale, elle-même, était dissimulée pour être reçue correctement ensuite par l'homme.

C'est pratiquement le but de l'évolution et du progrès que de préparer l'humanité à recevoir et à convenir qu'il y a des choses, imperceptibles, mais qui existent, invisibles, mais les plus grandes, que le déplacement, la transformation instantanée ou bien l'absence de temps et d'espace, etc. sont possibles.

Tout cela doit préparer l'humanité à la pensée que le spirituel est quelque chose qui, bien qu'il ne se prête pas à notre imagination, a le droit d'exister, qu'il est possible qu'il existe avec nous. "Tout peut être".

Le Baal HaSoulam a introduit une langue, il l'a ciselée à tel point que ce n'est plus un problème de transmettre au moyen de cette langue toutes les notions spirituelles sans crainte que l'homme se trompe et se forge des représentations matérielles au lieu de spirituelles. Qu'a t il fait ? Il n'a fait qu'expliquer les 10 sefirot. Rien d'autre : les 9 sefirot qui correspondent à la relation du Créateur envers la création, et la dernière sefira qui correspond à la création elle-même, désignée par le terme de Malkhout. En dehors de cette union du Créateur et de la création sous la forme des 10 sefirot, il n'existe rien d'autre dans la création.

 

 

CHAPITRE 1

"Sache qu'avant la création, seule existait la lumière supérieure qui,
simple et infinie, emplissait tout".

C'est ainsi que commence l'œuvre de base de la Cabale, "L'Arbre de Vie", du ARI. Je cite ce texte sous forme de vers au début de mon premier livre. Qu'emplissait la lumière si rien n'avait encore été créé ? Cela signifie-t-il que quelque chose avait été créé ?

Le Baal HaSoulam nous dit qu'il faut donner des explications à ce texte. Comment se peut-il qu'avant que ne furent créés les mondes, il y ait eu un lieu ? Si nous parlons uniquement du Créateur et de l'homme, de l'âme, pourquoi un lieu ? Que signifie le terme lieu dans lequel seraient apparus les mondes ? Le lieu a donc, lui aussi, dû être créé.

Que signifie "lieu" dans les mondes spirituels ? En quoi cette notion se distingue-t-elle de celle d'espace ? La notion de "lieu" existe-t-elle en dehors de l'espace ? Qu'est ce qu'un lieu qu'emplirait la lumière ? Que signifie "Il y eut alors restriction". Ce lieu peut-il se transformer ? Qu'est-il devenu ? Est-il en mouvement, est-il l'objet de processus ? Tout ceci pour découvrir la perfection des actions du Créateur ?

Peut-être est-ce là la raison de la création ? Plus loin, il est dit que Son but est de nous faire plaisir, non de nous montrer la perfection de Ses actions. Montrer à qui ? Qui y a-t-il à part Lui ? DÉmontrer la perfection de ses actions est nécessaire s'il existe un doute à propos de leur perfection. Cela témoignerait-il d'un défaut dont Il ferait l'objet ? Ses actions sont-elles parfaites ? Comment le démontrer ?

C'est probablement à l'homme qu'il revient de découvrir la perfection des actions divines si nous disons que rien n'existe dans la création à part le Créateur et l'homme. Et, s'il n'y a rien d'autre dans la création, sur qui les actions du Créateur s'exercent-elles, qui le Créateur a-t-il créé si ce n'est Sa seule et unique créature, l'homme ? L'homme peut, par conséquent, comprendre la perfection des actions divines sur lui et en lui, en parvenant à sa propre perfection. C'est un processus se déroulant en circuit fermé qui forme ainsi la perfection : la cause, l'action, l'effet.

Le résultat de l'action est contenu dans la réalisation du dessein divin. Ainsi que nous le dirons plus loin : et la pensée, et l'action et l'objet de l'action, et la rétribution, autrement dit le résultat se fondent en un tout parfait en harmonie avec Lui, Seul, Un et Unique. C'est à la mesure de sa propre perfection que l'homme atteint à la perfection du Créateur selon la loi de la similitude des attributs : il n'est possible de ressentir quelque chose qu'en ayant en soi des attributs similaires.

Se pose aussi la question du point central de l'univers. C'est la seule chose qui soit créée. Que signifie sa restriction ? Le volume n'existe pas dans les mondes spirituels, la restriction ne peut par conséquent qu'être la restriction du désir car la création divine ne repose que sur le désir. Il est dit aussi qu'il n'y a ni commencement ni fin, mais qu'il y a un milieu. Comment cela se peut-il qu'il n'y ait ni commencement ni fin, et qu'il y ait uniquement un milieu ? Ensuite, nous appendrons qu'il y a une tête, un corps et des extrémités.

Au commencement, il y avait uniquement un corps, uniquement un lieu pour ressentir le plaisir, sans calcul préalable, sans la tête et sans les limites à la sensation de plaisir, sans les extrémités. Le calcul n'est possible qu'au moyen d'un écran. S'il n'y a pas d'écran, est reçu tout ce qui est donné, tout comme dans notre monde, recevoir "tête baissée" (sans tête) signifie être prêt à accepter tout plaisir. C'est ce que signifie travailler "tête baissée", sans tête, sans écran. Rien n'est pourtant soupesé au préalable.

La sensation de plaisir dans le monde de l'Infini étant éprouvée directement, le désir n'a donc ni tête, ni extrémité, il n'est doté que d'une partie réceptrice, le corps. Il n'y avait pas non plus de fin car il n'y avait pas de limites à la réception tant le désir désirait, tant il pouvait recevoir et recevait. Du côté du Créateur, il n'y a pas de limites, Il souhaite procurer du plaisir à sa création, et uniquement, c'est le Dessein divin sous sa forme directe.

De manière indirecte, le Créateur agit autrement, en développant en nous une perception particulière, altruiste du plaisir car seule une perception de cette nature est parfaite. Il y a plusieurs raisons à l'imperfection du ressenti du plaisir de manière directe, qualifié ci-après d'égoïste. L'une des raisons de son imperfection réside en ceci que la sensation de plaisir a pour origine des désirs égoïstes, elle est temporaire, passagère : si le plaisir est permanent, invariable, il cesse d'être ressenti en tant que plaisir.

Le plaisir de donner sans réserve possède la capacité de renouvellement car la création ne cesse de le ressentir. Nous l'observons dans notre monde : une fois que notre plaisir est satisfait, nous nous précipitons à la recherche et à la satisfaction d'un autre, autrement dit, nous changeons simplement l'aspect extérieur du plaisir. Les conditions pour éprouver du plaisir sont nombreuses.

Le plaisir se ressent par contraste entre lui et son contraire : le doux par rapport à l'amer, la paix par rapport à la guerre, la lumière par rapport aux ténèbres, le dévoilement du Créateur par rapport à la sensation précédente de Sa dissimulation. Plus le désir préalable est grand, plus la sensation de plaisir est grande. Le plaisir est ressenti par rapport à son inaccessibilité préalable.

Qui plus est, la sensation d'inaccessibilité, l'approche de l'inaccessible constituent justement cette faim qui contient ensuite le goût de ce qui s'est dévoilé. Il n'y a aucun élément dans l'ensemble de la création qui ne se trouve déjà dans le monde de l'Infini, autrement dit dans la forme première de la création telle qu'elle a été engendrée par le Créateur. Le processus de transformation ne se déroule ensuite que par rapport à la création elle-même, non pas par rapport au Créateur.

Par rapport au Créateur, toute la création se trouve à l'état d'absolue perfection, telle qu'Il a désiré la créer. Il nous faut seulement réparer nos sensations pour ressentir cette perfection. En d'autres termes, nous nous trouvons dans le Créateur, dans Sa perfection, mais nous ne pouvons pas le ressentir. C'est pourquoi nous disons à propos de notre degré que nous en sommes à l'inaccessibilité, à la dissimulation du Créateur.

La création constitue les degrés des mondes, les partsoufim, les sefirot, elle n'est ressentie, elle n'existe que par rapport à nous et se trouve en nous, bien que nous la ressentions comme extérieure à nous. Tous les mondes existent à l'intérieur de l'homme, ils sont les degrés de la progression intérieure de l'homme dans son ressenti du Créateur.

Bien que tous les mondes soient perçus par l'homme qui les étudie comme étant en mouvement, cette vision des choses est subjective car c'est la transformation des attributs intérieurs de l'homme qui induit en lui l'impression que quelque chose change autour de lui. En fait, la création est statique, la Lumière supérieure est uniformément équilibrée, le Dessein divin étant clair : nous procurer du plaisir par Sa perfection. Tant que nous n'avons pas atteint ce degré, nous ressentons nos états comme éphémères, la création, elle, est statique, constante. Ceci s'explique simplement : le Créateur est Un, la création qu'Il a créée passe par des degrés pour parvenir à Le connaître, pour s'approcher de Lui. Toutes les formes de développement de la création, son émanation hors du Créateur pour descendre dans notre monde existent, sont conservées et agissent. Pourquoi l'éloignement par rapport au Créateur, à la Perfection est-il nécessaire pour le développement de la création ? Parce que c'est précisément la naissance de l'imperfection qui est la naissance de la création.

Seul l'homme qui se perçoit comme étant debout devant son Créateur, en face de Lui, peut donc être appelé création. Ce degré auquel se situe l'homme est appelé le point le plus bas du développement de la création et ... le plus désiré parce que si l'homme se perçoit comme se situant effectivement à ce niveau, cela signifie qu'il commence à se rapprocher du Créateur. Auparavant, il est considéré comme un fœtus inanimé, ne vivant pas de manière autonome. Ce degré est mieux expliqué dans l'article "Le mystère de l'engendrement et la naissance". C'est pourquoi on dit que tout est statique à part l'homme, et seul l'homme transforme ses sensations, il perçoit par conséquent un nouveau tableau, un fragment toujours nouveau du seul et même monde, celui du Créateur.

Nous ressentons à quel point les mots sont limités pour expliquer les concepts qui n'ont pas d'analogues dans notre monde, notre langue étant impuissante. Toutefois, une certaine représentation pourra naître dans notre imagination. Ce processus a lieu à mesure de nos transformations intérieures. A partir du moment où l'homme commence à ressentir le spirituel, il peut se représenter le tableau du monde et avoir conscience des éléments, autrement dit des sensations, qui lui manquent pour le parachever.

Mais il s'agit d'une première étape. La deuxième étape correspond à la perception des mondes spirituels environnants non pas par le biais de l'imagination, mais par tous les organes des sens, par toutes les cellules. Tout ce qui existe se situe hors du temps. C'est semblable, et seulement semblable à un film où un homme se retrouverait dans le passé et commencerait à vivre à une autre époque en ayant bien conscience qu'il est plongé dans le passé, mais ses partenaires n'en auraient pas conscience.

Nous nous trouvons donc dans un fragment, nous pouvons en sortir et pénétrer dans le spirituel, le statique, dans le monde de l'Infini. Ces concepts qui nous sont antagonistes dans ce monde, sont alors unis dans une unité parfaite, ils ne font plus l'objet de transformations, le mouvement n'existant que pour combler à toutes fins un manque. Il est bien sûr difficile malgré tout d'imaginer que le bien et le mal tels que nous les concevons puissent être identiques dans le monde de l'Infini.

  1. Il n'y a rien dans la création qui n'existe dans l'Infini. Des concepts antagonistes dans notre monde sont unis en seul et même tout dans l'Infini

    Il n'y a rien dans ce monde qui n'existe dans l'Infini. Des concepts antagonistes dans notre monde sont unis en seul et même tout dans le Créateur. Il est la source de tout, Il existait avant la création, seul. Comment peut-il y avoir quelque chose qui n'ait son origine en Lui. Comment peut-on dire du Créateur qu"'Il existait" !

    Notre langue s'est construite au cours du processus de la création, nous n'avons donc pas de mots pour expliquer quoi que ce soit qui existait auparavant, au-dessus de la création. Tout ce qui est en nous émane du Créateur. Comment pourrait-il en être autrement ? Si l'homme ne l'oubliait pas un seul instant, très vite il retrouverait le lien avec le Créateur.

    "Il n'existe rien hormis le Créateur", en avoir la foi est la seule chose qui permet à l'homme de sortir de ce monde pour pénétrer dans les mondes spirituels, autrement dit qui lui permet de ressentir que tout émane du Créateur. Si l'homme ressent quelque chose, il doit comprendre que le Créateur ressent la même chose.

    Le Baal Shem Tov disait "L'homme est l'ombre du Créateur". Comme l'ombre de l'homme répète tous ses mouvements, l'homme automatiquement répète les mouvements du Créateur. Si l'homme ressent quelque chose, en premier lieu, il doit penser que cette sensation lui est envoyée par le Créateur.

    L'homme doit alors répondre aussitôt, en d'autres termes, s'il s'est souvenu que cette sensation lui est envoyée par le Créateur, cela signifie que le Créateur a souhaité qu'il se souvienne de Lui, le Créateur l'appelle ainsi à Lui, attire son attention à Lui. C'est dans ce but que l'homme peut ensuite développer sa relation avec le Créateur de manière autonome. La période précédente correspond à un état inconscient.

    Dès que le Créateur se rappelle à l'homme pour que celui-ci pense au sens de sa vie, au spirituel, l'homme doit remonter la chaîne de ses pensées jusqu'à prendre conscience que c'est le Créateur qui l'appelle. Ce processus est constant tant et si bien qu'il devient une habitude à chaque pensée, à chaque désir, et il se développe au point que l'homme est comme "malade" en pensant à Lui, qu'il ne "peut plus dormir". C'est alors que le Créateur s'ouvre à lui.

    Tout ce qui nous entoure et qui est en nous émane de l'en-haut, du Créateur. Il n'existe rien qui ne soit en Lui. Nous l'avons entendu à maintes reprises. Comment tout ce qui existe dans notre monde peut-il émaner de Lui ? Tout ce qui est antagoniste en nous et autour de nous est uni en une parfaite unité dans les mondes spirituels.

    Il ne s'agit en aucun cas de contradiction mais d'antagonisme tel qu'il s'entend dans notre monde. Cela peut concerner une pensée et la cause et l'effet qui lui succèdent.

    Ces deux catégories sont en Lui également, opposées l'une à l'autre. Par exemple, le doux et l'amer, etc. Ces notions sont opposées dans notre monde, les éprouver peut induire deux sensations opposées, nous nous en trouvons bien ou mal. Chacune de ces notions est radicalement différente l'une de l'autre dans notre monde. Nous déterminons tout en référence à notre ressenti, à notre compréhension des choses.

    A l'évocation des étoiles, nous pensons à leur scintillement parce que nous les avons vues briller. Le doux est doux parce que nous en avons la sensation gustative. La notion d'amertume, nous la ressentons quand quelque chose nous rend amers, mais qu'est ce que la douceur, l'amertume ? Dans l'absolu, rien, elles sont définies par le ressenti personnel de chacun.

    Supposons que je veuille transmettre ce qu'évoque en moi la sensation de douceur à une autre créature structurée différemment, dont la perception est autre, cette créature aura une sensation tout à fait différente, ni de douceur, ni d'amertume, elle y trouvera un autre goût, d'autres qualités. Le monde comprenant des éléments radicalement opposés les uns par rapport aux autres, nous les ressentons ainsi et nous les qualifiions de bonnes ou mauvaises. Comment pouvons-nous alors les rattacher à une seule et même racine ?

    Les différences n'existent pas dans le Créateur ! Tout se trouve dans la lumière simple, uniformément équilibrée, harmonieuse. Simple -- non parce que la lumière est simple, mais parce qu'elle n'est pas l'objet de différenciation du fait que seul celui qui la reçoit extrait de cette lumière uniforme des attributs, des qualités définis en référence aux siennes. En elle-même, la lumière ne possède pas ces attributs.

    Ce sont les attributs de celui qui perçoit, et non de la lumière, qui existent. C'est pourquoi l'homme donne des noms non pas à ce qui est dans la lumière, dans le monde qui l'environnent, mais à aux sensations induites en lui en fonction de sa propre perception.

    Les noms, les qualificatifs, les caractéristiques données par l'homme ne parlent que des attributs humains, de la particularité de celui qui perçoit, et non pas des attributs de l'élément pris en considération ! L'homme qualifie non pas ce qu'il perçoit mais ses propres qualités, ses critères, ses attributs. Le Créateur est Un, seul l'homme, par ses attributs, extrait de l'Unité divine absolue des sensations différentes et, par conséquent, attribue des noms au Créateur. Il s'agit cependant non pas d'attributs du Créateur mais de dénominations de sensations humaines.

    Rabi Yehuda Ashlag cite l'exemple du goût de la manne céleste : elle n'a pas de goût, elle est perçue comme ayant le goût que l'homme désirera lui attribuer. Il en est ainsi de la caractéristique spirituelle de la lumière : elle contient tout, mais l'homme, selon son degré de similitude avec la lumière, la perçoit plus ou moins simple. Le projet, l'action et le résultat sont aussi unis dans le Créateur, bien que dans notre monde ils appartiennent à des catégories totalement différentes.

    Le Créateur réunit en lui tout ce que nous pouvons imaginer : les contraires, les causes et les effets, les concepts s'annulant mutuellement, toutes ces formes sont unies dans la simple lumière, dans la catégorie qualifiée de "Un, Seul et Unique". Pourquoi ne pas qualifier cet attribut par un seul terme ? "Un" signifie qu'Il est en dehors de toute transformation, tout ce qui est en Lui est différent. "Unique" parce que tout est uni en Lui bien que ce qui émane de Lui induise dans la perception des formes différentes en fonction des qualités de celui qui perçoit.

    "Unique" indique que, bien qu'Il agisse dans l'ensemble de la création en se manifestant de manière totalement différente dans la perception de ceux qui voient Son action, Sa force (le but, le désir) est cependant seule à agir dans tout l'univers et elle inclut tout processus. C'est cette juste perception des actions divines qui constitue le sens de notre développement.

    Bien qu'Il soit à l'origine d'une multitude d'actions : tue, fait vivre, provoque des souffrances, des joies, élève spirituellement, abaisse, apporte la vie, la mort, tous les extrêmes, tout émane de Lui. Comment cela peut-il être uni en Lui ? L'indifférenciation ne signifie pas l'indifférence. Comment une seule et même force peut-elle agir, autoriser des actions opposées ? Nous revenons à la même réponse : les contraires sont uniquement dans nos sensations.

    Le parachèvement de notre réparation, plus précisément, le parachèvement de nos organes des sens correspond au retour, à l'union de tout pour que nous puissions ressentir toute la création sous une forme authentique. Ce que nous serons une fois dotés d'organes des sens réparés, d'attributs réparés, correspond au parachèvement de la réparation. Ce que nous ressentirons au moyen de ces sens constitue le dessein de la création. Pourquoi une telle différence dans les capacités perceptives ?

    Notre égoïsme transforme radicalement notre perception. Nous ne perdons pas seulement pour ainsi dire cent pour cent de la perception de la vie (ce que nous désignons par le terme "vie" équivaut en Cabale à ce qu'est une faible lueur par rapport à la lumière solaire), en outre, notre égoïsme la déforme. Nous pouvons même observer dans notre monde combien est différente la perception de l'homme vis à vis de ce qui est à lui et de ce qui ne le concerne pas directement, de ce qui ne touche pas son égoïsme.

    Autrement dit, dans les limites mêmes de notre monde, notre perception de la réalité n'est pas authentique, les mondes spirituels, infiniment plus élevés, nous ne les percevons absolument pas parce que l'égoïsme qui nourrit tous nos sens couvre, absorbe nos sensations spirituelles, altruistes, ne permet pas qu'elles parviennent jusqu'à notre conscience.

    Quand l'homme acquiert des organes exempts d'égoïsme, il découvre que le dessein unique du Créateur inclut en lui toutes les actions qui lui semblaient naguère opposées. Le Ramban, philosophe et cabaliste, écrit dans son commentaire sur le livre "Ietsira" : "Il y a une grande différence dans les catégories "Un, Seul, Unique". Quand le Créateur agit d'une seule et même force, Il concentre Ses forces en une seule, autrement dit, il manifeste son désir bon, ce qui signifie également la manifestation de Son unité parce qu'il n'y a pas de différence dans Ses actions, Il est qualifié de "Seul".

    Quand Il divise Ses actions, en d'autres termes, quand Ses actions se manifestent dans la perception en l'homme de diverses manières, sous la forme de sensations bonnes ou mauvaises, Il est qualifié de Unique selon la qualité de Ses actions qui n'ont qu'un seul but et un seul résultat, faire plaisir à la création. C'est ainsi qu'Il est unique dans toutes Ses actions et qu'Il ne change pas bien que Ses actions soient perçues comme différentes. Quand Il est totalement uniforme, que toutes Ses actions sont unies, Il est qualifié de Un.

    En d'autres termes "Un" désigne le Créateur Lui-même en Lequel tous les contraires sont égaux, indistincts l'un de l'autre. Que signifie que le Créateur concentre Sa force pour agir ? Toutes Ses actions ont un seul et même objectif: faire plaisir, faire ce qui est digne de Son unité. Pourquoi tout esprit ne peut-il pas concevoir cela d'emblée ? Tout comme il n'est souvent pas possible de se faire comprendre immédiatement d'une personne qui n'est pas en état d'entendre, non pas d'écouter, mais d'entendre.

    Ne peut écouter que l'homme que l'on attache sur une chaise devant une somme d'argent colossale, celui-ci écoutera, mais n'entendra pas parce que pour entendre, il faut des qualités intérieures, un désir. On n'entend pas avec les oreilles, mais avec le cœur. Cette qualité n'est aucunement liée à des capacités intellectuelles. On peut être le plus intelligent des hommes et ne pas entendre. Prenons ce même homme, prenons un bâton, le Créateur, Il sait le manier bien mieux que nous, c'est ainsi que l'homme est corrigé des journées entières, des mois entiers, des années entières, dans la mesure nécessaire, et un jour il entendra.

    Cet homme commencera à entendre non pas parce que tout à coup lui est venue l'intelligence, mais parce que son cœur, son égoïsme concentré, a décidé d'entendre pour se débarrasser de ses souffrances. Le Baal HaSoulam écrit que "le cœur comprend", et que la tête, notre intellect, n'est qu'un moyen auxiliaire pour comprendre par le cœur l'objet du désir. Nous comprenons pourtant au moyen de la tête. C'est la raison pour laquelle les sages disent "il n'est pas donné à tout esprit de le supporter (ce fait) ".

    Il n'est pas facile d'accepter, de consentir au fait que les contraires peuvent participer d'un seul et même tout car notre raison est loin de nous permettre d'avoir la capacité de comprendre l'unité authentique. Accepter ce concept spirituel d'unité des contraires signifie comprendre par le cœur au début, l'intellect n'étant qu'un auxiliaire qui accepte ce que décide et ce que consent le cœur.

    Les lois varient en fonction des pays, les hommes ont une logique, des convictions différentes selon les cas. Cela ne signifie pas que certains sont plus intelligents que d'autres, mais que leurs cœurs ont des objets de plaisir différents, c'est en fonction de cela que l'intellect transforme les points de vue, les approches, surestime certaines valeurs, amène l'intellect à de nouveaux désirs.

    C'est le cœur qui participe en premier lieu à la progression spirituelle, c'est lui qui définit la mesure de la progression de l'intellect. Au début de son étude, l'homme apprend, d'une manière générale, au moyen de son intellect, il prend conscience ensuite à quel point sa compréhension du sujet et son assimilation dépendent de ce qu'il est lui-même intérieurement, spirituellement.

    Il ne s'agit aucunement de l'humeur, comment cela pourrait être le cas pour l'étude de telle ou telle science ou tout autre chose, mais, indépendamment de la disposition d'esprit, c'est l'acuité de la perception spirituelle qui détermine la compréhension intellectuelle de la matière cabalistique. Il y a des personnes qui étudient la Cabale pendant des dizaines et des dizaines d'années, leur cœur ne "s'enclenche" pas pour autant, elles peuvent même devenir des professeurs en Cabale, mais non des cabalistes car elles sont dénuées de l'exigence intérieure voulant d'eux qu'ils trouvent le Créateur. Cette exigence naît par le point dans le cœur, par le fragment des Mondes spirituels, ce fragment du Créateur que le Créateur a placé selon Son choix en celui qu'Il souhaite rapprocher.

    Nous étudions tant de livres de Cabale, nous passons tant de temps à étudier, n'importe quelle science aurait déjà été assimilée. En étudiant la Cabale, nous comprenons de plus en plus que nous ne comprenons rien. La Cabale ne s'assimile que lorsque les désirs de l'étudiant coïncident avec ce qu'il étudie. Le débutant n'étant pas encore doté d'attributs réparés correspondant au sujet étudié, ses connaissances se volatilisent sans cesse.

    En outre, la connaissance des lois et des règles de toute science permet d'avoir recours à des conclusions logiques et de construire des théories. Ceci est impossible en Cabale parce que jusqu'au degré suprême de la réparation parfaite, complète, nous ne connaissons pas le tableau de la création dans sa globalité, non plus que toutes ses lois, nous n'avons par conséquent pas le droit de construire nous-mêmes des hypothèses.

    N'a le droit d'écrire des livres de Cabale qu'un cabaliste authentique. Celui qui n'a pas pénétré les mondes spirituels écrit sans compréhension claire, sensible ne fait que relater "qu'il pense", que "là" cela "se passe" comme "cela".

    La Cabale ne parle que des 10 sefirot, que d'encre a coulé à leur propos ! Des dizaines de milliers de pages ont été écrites. Pas même à propos des 10 sefirot, mais à propos des 4 stades de développement de la lumière. Ou bien encore, uniquement à propos du désir de donner et de celui de recevoir.

    Il n'y a qu'une seule Source qui donne tout, et il y a toutes sortes de variations possibles qui naissent dans ces mondes, notre monde, dans tout ce qui est à l'intérieur et à l'extérieur. Tout cela n'est constitué que de deux éléments : la lumière et le keli ! Il convient de noter que ni l'intelligence, ni la raison ne permettent de cerner cette science. Certaines personnes connaissent par cœur les écrits. Ce n'est pas un mérite car le principal dans l'étude ne sont pas les connaissances mais les efforts faits par l'étudiant : à mesure qu'il fait des efforts, l'étudiant reçoit de l'aide de l'en-haut pour sa réparation.

    C'est la raison pour laquelle, les sages ont privilégié la compréhension par rapport à la connaissance pure, au point qu'ils demandaient dans leurs prières d'oublier leurs connaissances. Ils souhaitaient revenir au stade d'ignorants !!! C'est tout le contraire des bons élèves de notre temps qui récitent des pages entières qu'ils connaissent de mémoire, mais la Torah est-elle entrée dans leur cœur ?

    Le sujet étudié en Cabale se volatilise parce qu'il n'y a pas de similitude entre nous et le sujet étudié. A mesure que l'homme devient semblable à ce qu'il étudie, il le comprend. C'est pourquoi, si nous ressentons que nous ne comprenons plus, cela dépend de notre état d'esprit, c'est fonction de nos désirs de nous rapprocher du Créateur ou de nous en éloigner.

    Revenons à notre texte : quand Il se divise en accomplissant des actions, quand Ses actions, nous semblent différentes ou même opposées (bonnes, mauvaises), Il est qualifié de Unique parce que Ses différentes actions, bonnes et mauvaises, y compris celles qui sont perçues par nous comme de grandes souffrances, parfois pires que la mort, ces grandes souffrances qui affectent l'homme à l'échelle individuelle comme à celle d'un peuple entier -- ou de peuples entiers -, donc toutes Ses actions ont pour seul et unique but : réaliser le dessein de la création, créer un keli, des sensations qui permettent de ressentir le plaisir qu'Il souhaite procurer.

    C'est précisément la nature contrastée de la toute-puissance divine telle que perçue par nous qui témoigne, pour celui qui comprend l'unité parfaite de toutes les actions du Créateur, l'harmonie totale entre la raison de Ses actions et Ses actions.

    La dysharmonie n'est présente que dans la perception de l'homme, uniquement chez celui qui reçoit, elle est due aux "défauts" de son keli, de l'instrument de sa perception qui fait que l'homme perçoit telle ou telle action divine comme bonne ou mauvaise, alors que le Créateur se caractérise par Sa perfection et Sa bonté absolues. Plus nos kilim, nos instruments, sont "défectueux", plus notre condition nous paraît mauvaise, plus nous accusons dans notre cœur la Source de nos souffrances. Qui plus est, ces accusations ne se font pas de manière consciente. Quand les premiers pionniers ont commencé à s'installer dans le désert du Néguev, ils ont demandé à rabbi Yehuda Ashlag s'ils pourraient y vivre. Il leur a répondu qu'ils le pourraient car leurs prières apporteraient de la pluie. A ceux -- les sceptiques qui ont objecté, il a rétorqué que le désir de l'homme, est dans son cœur, c'est là la prière au Créateur car Il est l'Unique, la Source de tout. Indépendamment de la prise de conscience par l'homme du monde environnant, ses désirs inconscients sont également pris en compte par le Créateur, comme une mère sent et comprend les désirs de son nouveau-né.

    Il est Un témoigne de Sa perfection en tout, de Son unité, de l'absence totale de contradictions en Lui à l'égard des créatures quelles qu'elles soient. L'unité de la pensée, l'unité du dessein imprègnent l'ensemble de la création. Nos attributs nous rendent trop différents pour que nous puissions Le comprendre.

    Même dans les limites de notre monde, nous ne nous comprenons pas les uns les autres quand nos désirs diffèrent, ce qui signifie que spirituellement nous sommes séparés. Dans ce cas, deux personnes se trouvent comme dans des mondes différents, c'est comme si elles étaient des créatures totalement différentes. Entre nous et le Créateur, la différence est des milliards de fois plus grande.

    Les efforts que nous faisons pour Le comprendre doivent consister non par à faire appel à notre intellect, ce qui est inutile, (au moyen des d'instruments de notre monde, il est impossible d'appréhender les mondes spirituels), mais à travailler spirituellement pour nous élever, pour nous doter d'attributs spirituels qui nous permettent de Le comprendre.

    Les philosophies, les religions et les sciences continueront à se heurter au mystère de la vie comme elles le font depuis des millénaires. Si l'homme raisonne seulement au moyen de son intellect, il ne pourra pas comprendre quoi que ce soit au-delà des limites de ce monde matériel dont l'intellect est le pur produit.

    Notre raison est objective. Comment expliquer la multitude des opinions? Cette multitude n'est-elle pas déjà la négation de son objectivité ? L'objectivité ne peut être que une, absolue, indépendante de la création, l'homme n'est pas en mesure de sortir de lui s'il n'est pas doté en lieu et place de ses kilim, des kilim divins. Toute la littérature, l'art, tout ce que l'homme appelle sa richesse, rendent gloire au "ner dakik".

    La lumière divine se vêt des éléments de notre monde. L'homme perçoit ce vêtement dans lequel s'est enveloppée une goutte de plaisir spirituel. " Que tu es belle ma parure " car elle contient une partie spirituelle qui procure du plaisir. Nos activités n'ont qu'un seul objectif, tirer le maximum de plaisir de la sainte étincelle divine.

    La littérature décrit la façon dont chacun de nous peut extraire le plus de plaisir du "ner dakik", de la petite étincelle de lumière, qui est tombée dans notre monde. Que de souffrances si le plaisir n'est pas éprouvé ! La science pure, elle, essaie d'avoir un regard objectif sur le monde. Le problème, c'est que l'homme ne peut pas comparer son "inobjectivité" à quoi que ce soit et par conséquent apporter des modifications à ses expérimentations.

    Si les scientifiques savaient à quel point tout passe par l'homme, à quel point les résultats des expériences dépendent de celui qui les réalise, ils comprendraient que nous sommes spécialement dans cette situation pour que nous parvenions, en fin de compte, au degré suprême de développement des sciences, au point où elles contribueraient à la prise de conscience des limites, du caractère fermé des connaissances, à la prise de conscience de l'existence du Créateur et elles nous aideraient à travailler spirituellement, à étudier la Cabale. Il ne peut toutefois pas y avoir fusion entre les sciences et la Cabale, les sciences ne font que des calculs fondés sur la raison, la Cabale "sur le cœur", comme il est dit "c'est le cœur qui comprend".

    L'homme étant ainsi fait qu'il n'aime que lui-même, et plus quelque chose lui ressemble, plus il l'aime. On dit que les contraires s'assemblent, c'est purement livresque. L'homme aime ses qualités en lui. S'il vole, peut-être n'aime-t-il pas cette qualité, mais il trouve une justification à cette qualité en lui parce qu'elle lui apporte du plaisir, elle lui procure ce qu'il désire.

    Ce même voleur peut ne pas aimer cette qualité en autrui parce que c'est justement cet autrui qui tire du plaisir de celle-ci. Autrement dit, nous aimons nos sensations, non pas nos qualités. MÊme si je condamne une de mes qualités, de toute façon elle me procure du plaisir, je l'aime et je ne peux pas m'en défaire.

    Prenons l'exemple d'une vache appétissante dans un pré. Si nous en prélevons un morceau et que nous le fassions rôtir, qu'ensuite nous placions ce morceau entre la langue et le palais, dans notre gosier, nous ressentirons du plaisir. Est ce la vache qui nous procure du plaisir ou bien le morceau que nous lui avons arraché pour en faire un steak ? OÙ est l'objet de nos désirs ? L'objet de nos désirs est l'étincelle de lumière, cette part de spirituel contenue dans la viande, comme dans tout objet de nos désirs.

    Quand cette part de spirituel, dans notre cas sous la forme d'un morceau de viande, entre en contact avec nos organes des sens, les récepteurs et notre cerveau peuvent d'une certaine manière reconnaître un signal qui est perçu par nous comme un plaisir parce que le centre correspondant du plaisir est excité dans notre cerveau. L'excitation de ce centre n'est qu'une enveloppe, la sensation de plaisir est la partie spirituelle de la perception. Les mêmes vibrations qu'induit le morceau de viande peuvent être provoquées par des signaux électriques sur le cortex cérébral. Autrement dit, il ne s'agit ni de la vache, ni du morceau de viande, ni dans une excitation spécifique.

    Est-ce que cela signifie que l'amour est une certaine forme d'excitation ? Non ! Nous n'aimons pas le courant électrique provocant l'excitation. Qu'est ce que nous aimons ? Qui sommes-nous, nous qui aimons cela ? En fin de compte, si nous cherchons bien en nous, un cabaliste sait le faire, nous trouverons le keli et la lumière. Rien d'autre. Il n'y a ni vache, ni son corps physique, ni viande, ni courant électrique. Seuls le keli et la lumière. Le restant n'est que vêtement dont se vêtent le keli et la lumière.

  2. Différences dans la manifestation de la toute-puissance divine : avant de Le comprendre au moyen de ce qui est reçu et après avoir reçu au moyen de la perception dans l'en-bas

    En quoi la manne céleste était-elle différente du pain ? Par une caractéristique particulière : chacun percevait en elle ce qu'il souhaitait. C'est précisément cela la caractéristique spirituelle : elle ne possède pas de caractéristiques propres, elle se révèle telle que peut la percevoir celui qui la reçoit.

    Les vêtements de notre monde déterminent le goût qui est créé à partir de l'étincelle divine contenue en eux, qui n'a pas de goût mais qui peut se manifester sous la forme d'une caractéristique quelconque en fonction des limites des qualités de celui qui reçoit, qui la comprend. C'est justement cette caractéristique qui est désignée par le terme manne, pain céleste, car celui qui la reçoit, qui la goûte, perçoit en elle ce qu'il veut.

    Nous avons déjà évoqué l'exemple de l'électricité au moyen de laquelle il est possible de réchauffer, de refroidir, de faire marcher un conditionneur d'air, un réfrigérateur, une plaque chauffante et autres appareils dont les fonctions sont différentes, et bénéficier ainsi de toutes sortes de sensations tout à fait opposées mais provenant d'une seule et même source qui, elle, n'est pas dotée de caractéristiques différentes, elle est une et ne remplit aucune fonction particulière.

    Ces fonctions, leurs manifestations, sont fixées par celui qui capte l'électricité, qui la reçoit. Ce n'est pas l'homme qui crée le goût, mais il le découvre pour lui-même dans la manne. Nous disons du Créateur qu'Il est Miséricordieux, Fort, un Père Bon ou Sévère.

    C'est par la façon dont nous ressentons sur nous-mêmes la manifestation de Sa Toute-puissance que nous appelons le Créateur. Plus précisément, par la façon dont nous nous percevons dans ce monde qu'a créé le Créateur, et dont nous, sans prononcer Son nom des lèvres, au moyen de notre propre perception, nous appelons le Créateur dans notre cœur, bon gré mal gré, car il est la cause et la force qui créé tout autour de nous. Les attributs que nous donnons au Créateur changent à chaque instant, en fonction de notre perception de nous-mêmes.

    Les attributs divins ne désignent pas les noms qui Lui sont attribués, mais le ressenti de l'être. C'est précisément ce que ressent l'être en lui qui est le nom dont il désigne la Source des événements qui lui arrivent.

    Ceci s'applique à toutes les créatures, qu'elles soient inanimées, végétales, animales ou humaines (l'homme n'a pas conscience que les événements qui lui arrivent ont une Source). Notre but est de prendre conscience de cette Source et de Lui donner un nom authentique : Bonté et Faisant le Bien.

    Ce processus a lieu des deux côtés : tant que l'homme ne peut pas désigner le Créateur par Son attribut authentique, le Créateur se dissimule à l'homme car le Créateur ne peut pas se dévoiler à qui fait le mal. D'autre part, l'homme ne peut pas ressentir le Créateur tant qu'il ne parvient pas à harmoniser ses attributs avec les Siens, autrement dit tant que par ses attributs il ne devient pas comme le Créateur et que, ce faisant, il ne justifie les attributs divins tout comme il justifie ses propres attributs.

    L'homme perçoit le Créateur comme doté de différents attributs. C'est l'homme qui distingue dans le Créateur qui est Un des attributs différents et qui, en fonction de ses propres attributs humains, les divise en bons ou mauvais. Ceci explique la présence apparemment simultanée de plusieurs attributs en le Créateur.

    Le mauvais et le bon sont désignés dans la Torah par les termes "doux" et "amer". Tous ces goûts existent-ils dans le Créateur, l'homme ne fait-il que les distinguer parmi tous ceux qui existent dans le Créateur ? Il n'y a rien de pareil dans le Créateur, mais Sa lumière agit sur l'homme de telle manière qu'elle éveille en lui tel ou tel goût en fonction des attributs communs à l'homme et à la lumière. La simple lumière divine contient tout et rien. Elle contient tout ce que peut ressentir l'homme, et rien de concret parce que sans celui qui reçoit, il n'y a rien. Seul celui qui reçoit peut distinguer en lui et ressentir telle ou telle manifestation divine.

    C'est pourquoi nous disons donc qu'il n'y a rien d'autre que la simple lumière qui emplit tout. Tout ce qui nous est dévoilé ne l'est que par rapport à nous, seulement en nous, et seulement individuellement en chacun de nous. Le Créateur se révèle de manière identique à ceux qui se situent à un même degré spirituel.

    Ainsi, par exemple, nous nous situons à un degré désigné par le terme "notre monde", le Créateur se manifeste à nous de manière identique : nous avons la même image du monde qui nous entoure. Ceux qui s'élèvent dans les mondes spirituels perçoivent simultanément notre monde et un autre monde qui est en eux. Tous ceux qui se situent à un degré spirituel identique ressentent la même chose. C'est pourquoi les cabalistes peuvent échanger des informations et écrire des ouvrages, sinon ils ne pourraient rien se dire.

    Celui qui accède au degré désigné par le terme "Abraham" devient Abraham parce qu'il a acquis ses attributs, il reçoit donc ce nom, dans les mondes spirituels rien ne divise les éléments à l 'exception de leurs attributs. S'il y a harmonie entre les attributs, les éléments coïncident. Il en est de même dans la Torah : chacun peut y voir ce qu'il souhaite.

    Toutefois, il existe ce qui est appelé la Torah orale, elle ne se dévoile qu'à celui qui la comprend personnellement à l'aide d'un écran qui se situe au niveau de la bouche dans le corps spirituel de l'homme. C'est alors que de simple lumière, la Torah devient aux yeux de l'homme, comme possédant différents goûts. La lumière de la Torah est alors appelée "taamim" (goûts), lumière qui se diffuse de la bouche jusqu'au tabour du partsouf spirituel.

    L'homme commence alors à ressentir différents goûts dans sa perception du Créateur et, tout comme il le fait pour ce monde, il les divise. Le Créateur est simple lumière spirituelle (non composée). Tout mène à la dissimulation et au dévoilement du Créateur car Il est la Source de lumière qui contient tout. Tous les attributs et formes possibles s'unissent en Lui dans la simple lumière.

    Nous pouvons par conséquent distinguer :

    1. La simple lumière jusqu'à sa pénétration dans la perception du récepteur, elle est encore simple car elle ne possède pas encore d'attributs ni de qualités, elle contient tout.
    2. Cette même lumière après sa pénétration dans la perception du récepteur qui a pour conséquence qu'elle acquiert une caractéristique particulière en fonction des attributs du récepteur
    3. Comment se représenter l'âme comme fragment du Créateur ?

      Les cabalistes affirment que l'âme est un fragment du Créateur. Qu'est ce que cela signifie ? Les cabalistes, autrement dit ceux qui ont déjà progressé sur les degrés spirituels, les cabalistes ressentent, perçoivent les mondes spirituels, ils sont pénétrés par la Lumière divine.

      Leur perception du Créateur est celle qu'ils décrivent dans leurs ouvrages. C'est ainsi que nous avons reçu les livres de la Torah (Il est impensable que l'on puisse s'imaginer que le Créateur est descendu du ciel sous une forme matérialisée pour remettre un parchemin ou des tables de pierre).

      Un livre a été écrit, désigné par le terme "Torah", un autre la "Michna", un troisième le "Talmud", etc. Les auteurs de tous de ces livres étaient des cabalistes qui ont pu écrire les récits que nous connaissons, parler des attributs divins. Ces cabalistes étaient de niveaux différents, ils portent le nom des degrés auxquels ils ont accédé.

      Ce sont eux qui nous ont donné les livres saints, ils y décrivent, notamment, l'âme comme une partie du Créateur. En fait, ils disent qu'il n'y a aucune différence entre l'âme et le Créateur lui-même, que l'âme est seulement un fragment, alors que le Créateur est tout. La différence dans le monde de la spiritualité ne résidant que dans la différence entre les attributs, cela témoigne de ce qu'il n'y a aucune différence dans les attributs entre ce fragment divin qui est en nous et qui est appelé notre âme, et le Créateur lui-même.

      Quelle différence y a-t-il entre l'âme et le Créateur ? Uniquement le fait que Lui est un seul et même tout, et l'âme une partie ? Il n'y a pourtant dans les mondes spirituels ni partie, ni tout, pas de volumes, mais seulement une différence d'attributs parce que le spirituel est le monde des désirs. Peut être veut-on dire une partie du désir général ? Les cabalistes disent que l'âme est pareille à une pierre qui se détacherait du rocher, le rocher étant le tout, la pierre une partie. Cependant, si la séparation se fait par la différenciation des attributs, dans notre cas précis, il est dit qu'il n'y a pas de différence, qu'il s'agit uniquement de volume, comment cela peut-il être si le spirituel se caractérise uniquement par la différence d'attributs ? On sait que dans les mondes spirituels, si deux éléments ont des attributs identiques cela signifie qu'ils sont de même nature, qu'ils possèdent des caractéristiques similaires, qu'est-ce qui peut donc les différencier ?

      Nous disons qu'il n'y a pas similitude, mais différence, séparation. Mais comme il n'existe ni lieu ni distance dans les mondes spirituels, qu'est ce qui les différencie ? Doit-il même y avoir une différence entre eux ? En quoi ne sont-ils pas égaux ?

    4. Le spirituel se dissocie par la différenciation des attributs, tout comme le matériel se dissocie sous l'action d'une force physique de séparation

      Le spirituel se détache de sa forme précédente, ou bien encore, une partie se dissocie du tout spirituel du fait de la différenciation des attributs, tout comme dans le monde matériel, une chose se diviserait en deux sous l'effet d'un coup de hache, la hache serait quelque chose d'extérieur qui diviserait le tout en deux parties. Autrement dit, il existerait, de toute évidence, quelque chose d'extérieur dans les mondes spirituels pouvant dissocier une partie du Créateur, comme le ferait une hache qui séparerait une partie d'un corps matériel.

      Ces parties, même si elles ne se situent pas dans le Créateur, en possèdent les attributs, elles sont semblables à Lui, comme la pierre est semblable au rocher. En Cabale, il est dit que la seule chose que le Créateur ait créé, c'est l'âme d'Adam qui ensuite s'est fragmentée en 600 000 parties. Ainsi existe-t-il 600 000 différences entre les fragments, chacun demeurant une partie du Créateur.

      L'âme est un partsouf spirituel, un keli, un récipient doté d'un écran, d'une force d'opposition à son égoïsme permettant de recevoir la Lumière divine. Le récipient par lui-même est un désir égoïste. Sous l'action de la lumière, le keli acquiert la force nécessaire pour recevoir la lumière pour faire plaisir au Créateur, et non pour soi-même. Cette force est appelée "écran".

      Au moyen de l'écran, le partsouf laisse pénétrer en lui la Lumière divine. Cette lumière est appelée l'âme du partsouf. Bien sûr, cette lumière et la lumière universelle qui émane du Créateur sont un seul et même tout, la différence entre elles réside en ceci que la lumière qui a pénétré dans le partsouf est une partie de la lumière universelle. Il y a pourtant une différenciation entre cette partie de la lumière et l'ensemble, la lumière universelle, dans les partsoufim dont se revêtent les portions de lumière, les âmes.

      C'est précisément la particularité de chaque partsouf qui permet à celui-ci de dissocier de la simple lumière un certain attribut, comme le fil électrique permet à un appareil de prélever du courant, de bénéficier d'une certaine action de l'électricité selon ses fonctions. Ceci explique pourquoi seul un écran trônant au-dessus de la grandeur d'un désir égoïste détermine la similitude entre le Créateur et l'âme qui Le ressent. Seul un écran divise la Lumière universelle divine en fragments dont chacun reçoit le keli qui lui convient.

    5. Quelle différence entre les attributs de la création et le monde de l'Infini ?

      Un seul principe régit les mondes spirituels : L ALTRUISME ABSOLU. Un seul principe régit notre monde : L EGOISME ABSOLU. Comme il n'existe rien d'autre dans la création hormis le Créateur et la création-homme, tous les états que nous ressentons en nous ne peuvent être mesurés que par rapport à une seule référence : le Créateur. Les états que l'homme éprouve changent en permanence, l'état éprouvé à l'initial correspond à l'extrémité opposée de l'échelle spirituelle : nous sommes diamétralement opposés au Créateur en raison de nos désirs égoïstes d'éprouver du plaisir à des fins personnelles.

      C'est pourquoi, la réponse à la question comment l'âme peut-elle encore être un fragment du Créateur et, simultanément, être éloignée de Lui est simple : l'âme se dissocie en s'installant dans un keli, un récipient, dans le désir d'éprouver du plaisir, dans l'égoïsme. C'est la différenciation par rapport aux attributs divins -- d'altruisme absolu- qui fait que la création est plus ou moins proche, plus ou moins éloignée de Lui. Hormis cela, il n'existe rien dans ce monde.

      Toutefois, s'il n'existe que deux choses : le Créateur et la création, et que cette création est égoïsme, comment pouvons-nous dire : l'homme existe, à l'intérieur de lui il y a une âme, fragment du Créateur, autrement dit "Lui-même". Est-ce le Créateur qui existe à l'intérieur de l'homme ? Ce fragment, est-ce la lumière, identique par ses attributs à ceux du Créateur ?

      Comment cela peut-il être ? Cette lumière est dissociée du Créateur, comment peut-elle, être un fragment de Lui ? Etre un fragment d'un ensemble sous-entend avoir une certaine similitude avec cet ensemble, similitude d'attributs. Cela signifie-t-il qu'il y a en l'homme un fragment divin, autrement dit des attributs divins ? Hormis les attributs, désirs, il n'existe rien d'autre dans les mondes spirituels. Cependant, dans ces mondes spirituels, nous dissocions des fragments de l'ensemble par la simple modification d'attributs.

      Cela signifie-t-il que ce fragment qui se dissocie doive avoir d'autres attributs ? Il ne peut donc plus être appelé fragment divin. Il doit déjà recevoir une dénomination différente. Le Baal HaSoulam nous disait autrefois que la différence entre l'âme et le Créateur ne réside que dans le fait que l'âme est un fragment, tandis que le Créateur est un tout, autrement dit les attributs de l'âme ne changent pas, il ne s'est produit qu'une dissociation.

      Comment peut-il en être ainsi dans les mondes spirituels car cela contredit le principe selon lequel l'absence de corps, dans les mondes spirituels, fait que la différence entre les éléments spirituels ne correspond qu'à la différence entre leurs attributs, tout comme dans notre monde, si nous analysons bien le monde qui nous entoure. De quelle manière le fragment se dissocie-t-il du Créateur ?

      Dès le moment où le Créateur a décidé de créer la création (le terme création ne désigne que l'homme, tout autre chose n'est que degré auxiliaire pour la progression spirituelle qui ne se fait qu'en l'homme pour parvenir à son but), tout ce qu'Il a pensé est aussitôt apparu sous sa forme achevée. Ceci - parce qu'il n'y a pas de mouvement, de temps, d'action dans les mondes spirituels, rien hormis les désirs.

      C'est pourquoi avec la naissance d'un tel désir dans le Créateur, celui de créer l'homme pour lui procurer un plaisir absolu, ce désir est devenu immédiatement un état achevé.

      C'est dans cet état achevé que le Créateur nous ressent. Ce stade est celui auquel nous nous trouvons tous, mais nous ne le ressentons pas, pour la simple raison que nos sensations n'ont pas encore fait l'objet de réparation. Dès que nous aurons procédé à notre réparation, nous ressentirons notre véritable état. En attendant, notre égoïsme qui a jeté un voile sur nos organes des sens nous gène pour le ressentir.

      L'état achevé que le Créateur ressent en nous, que ressentent les âmes réparées, est appelé le monde de l'Infini. L'état opposé correspond à notre perception, il est appelé "notre monde", "ce monde". Autrement dit le monde n'est pas un espace matériel, il est l'ensemble des sensations éprouvées par l'homme.

      Cet ensemble de sensations étant d'une variété de la plus grande richesse, chacune d'elle est appelée monde. C'est ainsi que le désir du Créateur, tout Son plan du début à la fin, avec tous ses états intermédiaires et achevés, tout cela préexiste sous une forme pleine, parfaite.

      Cet état achevé est appelé le monde de l'Infini, "EIN SOF" ce qui signifie "sans limite", absence de limite à la délectation que peut recevoir la création du Créateur. Pourquoi est-il appelé Infini ? Par le dessein divin. Il a voulu procurer un plaisir infini, c'est pourquoi est apparu un état se caractérisant par le fait que les âmes sont emplies du plaisir que le Créateur a décidé de leur procurer.

      Le désir du Créateur de créer les âmes pour leur procurer du plaisir est appelé le premier état, L'état auquel sont parvenues les âmes par le seul désir du Créateur est appelé l'état 3. Les âmes ne ressentant pas cet état, elles se situent à un état intermédiaire, l'état 2, sur la voie menant vers la perception de leur véritable état. Cette perception n'est possible qu'après s'être débarrassé, plus précisément après avoir débarrassé nos sensations de l'égoïsme.

      C'est la seule chose qui nous différencie du Créateur. En se débarrassant de leur égoïsme, les âmes deviennent identiques à Lui, donc elles ressentent en elles un état de perfection, d'authenticité. Elles découvrent que jusqu'alors elles étaient comme dans un rêve, car il est dit "Quand le Créateur nous fera revenir à Sion, nous (verrons que nous ) étions comme dans un rêve".

      Le cheminement progressif de l'homme à partir du point initial, de notre monde, pour parvenir au 3-me état est appelé l'élévation sur l'échelle spirituelle, appelée l'échelle de Jacob, cette échelle que Jacob a vue, comme le dit la Torah, en songe. L'éloignement de l'homme par rapport à Lui, le Créateur l'a réalisé par la descente séquentielle, par l'altération des attributs spirituels, de Lui-même jusqu'à l'opposé à Lui.

      Cette descente séquentielle sur les degrés spirituels est appelée création, déploiement des mondes de l'en-haut vers l'en-bas, à partir du Créateur (de l'altruisme absolu) jusqu'à notre monde (jusqu'à notre égoïsme absolu). Dans le songe, "Qui descendent" signifie que les désirs deviennent de plus en plus grossiers, jusqu'à l'état désigné par l'expression "fin de la descente" avec ce dernier degré spirituel, la Malkhout du monde de ASSIA en dessous duquel nous existons, totalement coupés de la spiritualité, de l'altruisme.

      La différence entre notre monde- état et les autres mondes réside en l'absence de capacité à ressentir le Créateur à ce degré. C'est à ce degré que naissent les corps matériels de notre monde à partir des éléments spirituels (inanimé, végétal, animal, humain). La lumière divine ne les emplit pas comme aux autres degrés, mais ces corps contiennent Sa petite étincelle dont ils n'ont pas conscience et qui leur donne la possibilité d'exister à ce degré, possibilité appelée "vie dans ce monde". Toute la création n'est que ce processus de descente du Créateur des degrés-mondes, de l'en-haut vers l'en-bas.

      Le Créateur, le Monde de l'Infini, états 1 et 3, Monde Adam Kadmon, Monde Atsilout, Monde Briya, Monde Yetsira, Monde Assia, Ce Monde.

      De l'en-haut vers l'en-bas, le Créateur durcit l'attribut d'altruisme au point de créer son antipode, l'égoïsme, le désir d'éprouver du plaisir pour soi-même. La montée de l'homme au moyen de la réparation progressive de ses attributs du bas vers le haut est désignée par les termes de réparation de la création, état 2.

      Nous devons passer par ce processus pour parvenir, dans notre ressenti, à l'état 3 dans lequel nous nous situons déjà, même si nous n'en avons pas conscience. Ce chemin est incontournable. Se pose simplement la question de la façon de le parcourir : au moyen de la Torah, assez rapidement, en adoptant consciemment comme but celui de la création ou bien au moyen des souffrances, au moyen du développement douloureux et coercitif de l'humanité sous l'action des lois de la nature.

      Nous ne pouvons pas avoir la connaissance du Créateur. C'est de Lui qu'émane la lumière, cet attribut au moyen duquel Il nous a créés, et que nous recevons de Lui. Cet attribut-désir de nous créer et de nous procurer du plaisir nous permet de Le considérer, c'est à dire de considérer Son action. Qui est-Il ? Cette question n'a pas de sens car elle n'a pas de réponse.

      C'est pourquoi il n'y a pas de nom pour Le qualifier. Nous ne pouvons donner de nom qu'en référence à un attribut qui nous permet de caractériser ce qui est considéré. Les attributs que les cabalistes qui ressentent le Créateur, Lui donnent ne sont pas donnés au Créateur, Lui-même, mais à Sa lumière parce qu'ils ressentent non pas le Créateur mais la lumière qui émane de Lui.

      En fonction de l'action de la lumière sur la création, sur les âmes, sur les différents degrés spirituels, les cabalistes qualifient cette lumière de : Bonne, Miséricordieuse, Rigoureuse, etc. C'est pourquoi, quand on parle du Créateur, il s'agit de la lumière qui crée, fait naître tout, mais en aucun cas Lui en tant que Tel. Tous nos mots sont des sons qui expriment quelque chose que nous ressentons, que nous percevons. Il ne peut pas y avoir de mots qui désignent parfaitement ce qui ne peut pas être représenté, ce qui ne peut apparaître dans aucune imagination.

      Nous commençons par ressentir, par imaginer quelque chose, ensuite nous nommons, nous désignons ce que nous ressentons, imaginons. Une autre personne me comprendra parce que je peux lui expliquer la sensation qu'évoque le nom que j'emploie, ce qui caractérise l'élément, l'attribut, l'action que je désigne.

      Nous sommes tous créés avec des organes des sens et des imaginations identiques, nous pouvons, par conséquent, transmettre à autrui nos sensations, nos pensées. Notre dictionnaire est construit sur nos connaissances. Si nous ne ressentons pas quelque chose, cela signifie que les mots nous manquent. Ceux qui ressentent le Créateur, Le qualifient de Sévère, de Terrible, de Miséricordieux, en fonction de ce qu'ils ressentent.

      Ceux qui ne ressentent pas le Créateur ne peuvent que prononcer au moyen du livre de prières ce qui y est écrit. Mais ce sont des mots sans vie derrière lesquels il n'y aucune sensation claire. Il est vrai que l'imagination de l'homme est si riche qu'il peut se dresser un tableau des mondes spirituels, du Créateur, à l'image de ce qu'il peut se représenter en référence aux tableaux de ce monde.

      Bien qu'il n'y ait aucun rapport, aucune similitude entre ces deux approches, l'homme s'en contente pour satisfaire ses sensations religieuses et la parfaite impression qu'il est en contact avec le Tout-puissant. Toutefois, chaque génération connaît des personnes qui ressentent de manière aiguë l'absence de lien clair avec le spirituel, de contact avec le Créateur.

      Le sentiment d'aspirer à s'élever, l'impression de lévitation correspondent à la perception du point dans le cœur. Si l'homme ressent de manière aiguë cette aspiration, qu'elle ne le laisse pas en paix, il en vient à la Cabale et, à l'aide de celle-ci, il accède à la perception des mondes spirituels. Que signifie l'impression d'Infini ? Comme nous l'avons dit, il ne s'agit pas d'une impression d'absence de limites, mais de plaisir sans limites : l'intensité de la perception correspondant au désir. Autrement dit, l'Infini correspond à la sensation subjective de plaisir sans limites, de plaisir défini, désiré qui n'a pas ni fin, ni limites imposées par l'en-haut, par le Créateur, ni par l'en-bas, par nous-mêmes.

      Ceux qui ont éprouvé cet état, état suprême correspondant au maximum qui puisse être reçu de ce qu'Il veut donner, lui donnent le nom de "Infini". C'est ainsi que l'homme le ressent au moyen de ses organes des sens. Si nous ne Le ressentons pas du tout, nous ne pouvons rien dire de Lui. Nous ne pouvons en parler que si nous ressentons Son action sur nous, et il s'agit bien non pas de nous, mais de notre perception, comme, par exemple, je peux me représenter quelqu'un, comme je perçois ses attributs intérieurs et extérieurs que je ressens et que j'évalue au moyen de mes organes des sens.

      Ce que je perçois d'un objet dépend de mes propres caractéristiques et de raisons extérieures qui n'ont aucun rapport avec l'objet perçu. Toutefois, quel est-il cet objet en fait ? Tout comme nous ne pouvons pas juger objectivement de l'objet perçu, nous ne pouvons pas plus dire quoi que ce soit d'objectif au sujet du Créateur. Il est impossible de ressentir un objet extérieur à nous tel qu'il est, sans nos organes des sens.

      Ressentir présuppose la présence de celui qui ressent avec toutes ses qualités et ses caractéristiques. C'est pourquoi le Créateur est simultanément et la sensation et celui qui ressent tandis que ces deux concepts sont divisés en l'homme : moi et ce que je ressens. En Cabale, ceci est formulé ainsi : la Lumière divine est d'un calme absolu, autrement dit, elle n'a qu'un seul but : créer et faire plaisir aux créations.

      Tous les attributs au moyen desquels les créations Le nomment ont pour origine leur perception de cette lumière, de ce qu'elles découvrent en Lui au moyen de leurs organes des sens. Tel elles Le ressentent, tel elles Le nomment. C'est en ceci que réside la différence entre le Créateur et ce qu'Il a créé : le créé contient la différence entre le perçu et celui qui perçoit, entre le concept et celui qui le conçoit.

      En d'autres termes, il y a celui qui ressent et son lien avec le monde environnant qui est appelé la perception du monde extérieur. Ce qui existe au-delà de la compréhension, correspond au Créateur. Il n'est par conséquent pas possible de le comprendre. L'homme ne comprend qu'au moyen de son ressenti, de sa perception. L'authenticité de la perception humaine peut se mesurer uniquement par rapport à cette même perception.

      Nous voyons bien que nos évaluations, nos représentations du monde, de notre nature propre évoluent. Ce n'est pas le monde qui change mais nos organes des sens et leur perception des choses, autrement dit, ce n'est pas l'objet perçu qui change mais la façon dont nous le percevons. La perception du Créateur est appelée "lumière", autrement dit la lumière et le Créateur sont une seule et même chose pour nous. En principe, nous devons comprendre que la lumière est une perception subjective du Créateur et nous pouvons donner toutes sortes d'attributs à notre ressenti de la lumière.

      En fonction de notre ressenti, nous donnons tel ou tel attribut "Hassadim", "Hokhmah", "GA"R", "VA"K", mais ces dénominations n'évoquent rien, nous ne faisons que les entendre. Si nous nous hissons au degré auquel se situait celui qui a donné ces attributs à la lumière, aussitôt nous comprendrons ce qu'ils signifient. Nous ne parlerons pas, par exemple, de la "lumière de la hokhma dans la sefira de la hokhma du monde Yetsirah", nous ressentirons ce que désigne la dénomination donnée par celui qui l'a ressentie. De la même manière, dans notre monde, ce n'est pas suffisant de lire un livre de recettes de cuisine pour remplir nos estomacs de ce qui y est décrit.

      Quand nous nous trouvons dans les mondes spirituels, autrement dit, quand nous nous sommes construit un écran contre nos désirs égoïstes, et que nous lisons ce livre de "cuisine saine et goûteuse", la Cabale, nous pouvons aussitôt nous remplir de cette nourriture qu'est la lumière. En lisant un ouvrage, les cabalistes font un mouvement spirituel : ils reçoivent la lumière dans l'écran. Autrement dit, ils transforment la pensée en mouvement.

      Le cabaliste prie en se servant du livre de prières habituel, mais il comprend quels mouvements spirituels sont évoqués dans les mots du "simple" livre de prières rédigé au moyen de lettres "humaines". Il existe des livres de prières cabalistiques où sont indiqués quels mouvements spirituels faire : s'élever là, faire un "zivoug", puis descendre là, unir ceci et cela.

      Sachant ce qui est sous-entendu, il est possible de réaliser le mouvement correspondant. Le cabaliste peut lire un texte au moyen de la guematria, des lettres avec leurs signes, les "taamim", les "nekoudot", mais tout cela désigne pour lui des mouvements spirituels. L'exemple du livre de prières cabalistiques du RASHASH est cité dans l'ouvrage "La Cabale. Enseignement spirituel du judaïsme", tome 3.

      Ce livre de prières indique les mouvements que le cabaliste doit accomplir spirituellement. Observer le commandement de la pose des tefillin signifie qu'il faut s'élever au niveau du partsouf Z"A du monde Atsilout, accéder à ce degré élevé correspondant à la présence de la lumière dans la keter du partsouf de Z"A qui est nommé "tefillin". C'est ce qui se produira dans le partsouf spirituel, et c'est ce qui est nommé en Cabale par l'expression "poser les tefillin".

      Le corps physique de l'homme accomplit le Commandement physique des tefillin, mais le corps spirituel dont l'homme s'est doté lui permet d'accomplir ce Commandement spirituellement. Le corps spirituel de l'homme se forme à mesure de la construction de l'écran à l'encontre des désirs égoïstes. La dimension de l'écran définit la grandeur du corps spirituel.

      Le corps spirituel peut se trouver à divers degrés qui sont désignés au moyen des expressions appliquées au corps : embryon, petit, grand. La lumière qui emplit le désir réparé est appelée "âme". Avant la formation d'un écran spirituel, l'homme n'a pas d'âme, seulement une âme animale, une petite étincelle de lumière qui anime son corps physiologique.

      La grandeur de l'écran, la force d'opposition à l'égoïsme, détermine le degré de correspondance (en fonction des attributs) avec les attributs du Créateur, la force de pénétration de la lumière appelée par nous "Créateur". Cela désigne la similitude avec les attributs du Créateur. Les attributs divins sont en nous, comme nos écrits le disent : "l'homme est un vêtement pour le Créateur" , Il brille de Ses attributs en l'homme, c'est pourquoi l'homme éprouve du plaisir en ressentant le Créateur.

      Le Créateur pénètre en l'homme en fonction de la similitude des désirs de l'homme et des désirs du Créateur. Par ses efforts pour réparer son égoïsme, l'homme se rapproche du Créateur, en partant du point le plus éloigné pour parvenir à l'union avec Lui. Le Créateur emplit l'homme de Lui-même selon le degré de similitude de l'homme à Ses attributs. Dans le lieu allant du "pe" jusqu'au "tabour" dans le "partsouf " spirituel, le " keli "spirituel et la lumière qui l'emplit, désignent une seule et même chose.

      Dans ce lieu, ils sont désignés par les termes : "hou ve shemo, ehad", "Lui et Son nom sont un", parce que c'est dans cette mesure que l'homme s'est hissé au niveau du Créateur, et le Créateur, la lumière, correspondent à Son nom, tel que l'homme Le ressent. Ce degré est désigné par l'expression "kiriat Chemah" "Ecoute, Israël, le Créateur est UN". C'est alors que l'homme ressent qu'il y a en lui un Créateur Unique.

      Le parachèvement de la réparation se définit comme le degré dont il est dit " et ce jour (à ce degré désigné par le terme "jour" parce que la lumière apparaîtra dans sa totalité), le Créateur et Son nom seront Un", car les partsoufim, les fragments du partsouf de "Adam", seront parvenus complètement à la perception totale, parfaite, infinie, sans limites, du Créateur, dans Son attribut d'unicité, celui de faire plaisir aux Créations. Ils y parviendront parce que leur keli , le keli intérieur de l'homme, sera, de par ses attributs, totalement égal à la lumière, autrement dit, l'homme sera totalement semblable au Créateur.

      C'est ainsi que l'homme réalise son destin. Le Créateur s'est posé pour but de créer l'homme totalement contraire à Lui, et de donner la possibilité à celui-ci de se faire à l'image du Créateur, en partant de rien, comme le Créateur l'a créé. En d'autres termes, le Créateur aurait comme créé l'imperfection absolue, et l'homme, au moyen de ses propres efforts, doit parvenir à la perfection absolue. Bien que le degré de perfection existe déjà, que nous y vivions, nous ne pouvons pas sentir notre existence en elle.

      Il nous faut le réparer. Comme il est dit "il n'y a rien de nouveau sous le soleil", "c'est dans ta vieillesse que tu recueilleras les fruits", "tout ce que le Créateur fait restera ainsi éternellement ", il s'est produit une seule action : conformément à la pensée du Créateur l'homme a été créé dans son état achevé de délectation infinie. Il dépend de l'homme de ressentir ce degré. Tout le progrès de la civilisation existe pour que nous comprenions que tout est possible : l'existence en dehors du temps, en dehors de l'espace, des espaces doubles, la multiplication des espaces. Les films fantastiques nous donnent une idée de la faculté d'être "ici" et "là". Se transporter ici ou là ne dépend que de nos impressions. La question se pose de savoir si le degré élevé sous-entend un plaisir plus intense qu'aux degrés moins élevés ? La même question peut être formulée différemment, à savoir, est-ce que le degré suprême inclut toutes les délectations des degrés précédents ?

      Naturellement, tout ce que comprend le degré suprême comprend également ce qui est aux degrés précédents parce que tout ce qui est plus bas passe par le degré supérieur. Cela ne signifie pas, toutefois, que le degré suprême possède toutes les nuances des sensations précédentes. Pour révéler chaque plaisir, la nuance de telle ou telle sensation, il faut procéder à un zivoug, le recevoir en soi, le ressentir en soi, sinon il demeure au stade de potentialité, mais pas de révélé.

      Le parachèvement de la réparation est désigné ainsi parce que cela signifie l'achèvement de la révélation de toutes les nuances du plaisir satisfaites par le Créateur pour nous. Un adulte n'a pas la même lecture d'un roman qu'un adolescent. Il devrait descendre au niveau de l'adolescent, mais cela est déjà impossible parce qu'il a grandi, ses désirs sont plus intenses et il ne peut pas se contenter de petits plaisirs "non authentiques".

      A chaque degré spirituel il existe une palette de couleurs NARANHA"I (Nefech, Rouah-nechamah-haï-iehidah). Chaque degré porte en lui les nuances de tous les autres. Rav Baroukh Ashlag donne cet exemple : la viande de première catégorie est considérée comme l'aliment le plus riche, cuisiné d'une certaine manière. Si j'ai 5 possibilités pour me délecter (par rapport à 5 sefirot), je ne vais pas demander toutefois au garçon du restaurant de m'apporter 5 portions de viande. Je dirai "apportez-moi de la viande, de la salade, un potage, des légumes, du pain.

      Pourquoi tout cela ? Peut-on comparer de la salade à de la viande ? Chaque élément possède sa saveur. L'un complète l'autre. Le NARANHA"I permet, en fin de compte, une perfection du ressenti. Ressentir la perfection uniquement à la lumière de la Iehidah n'est pas possible. Il faut ressentir les degrés de NEFECH, ROUAH, NECHAMAH, HAI. C'est uniquement tous ensemble qu'ils peuvent faire éprouver la perfection du ressenti.

      C'est pourquoi, bien que le degré suprême inclue en lui les degrés inférieurs, petits, il n'est pas possible, après y avoir accédé, de ressentir tout ce qui est inhérent aux degrés inférieurs. Quand la mère-Binah doit donner la lumière (jour) à son fils-Z"A, elle fait un zivoug-recevoir à la demande --ma"n de Z"A, après quoi, elle lui donne cette lumière. La Binah ne possède pas ce que demande le Z"A parce que c'est son désir uniquement, et non le sien.

      En accomplissant tous les Commandements, en passant par les 620 Commandements (613 + 7 Commandements des peuples du monde), les 620 degrés de notre monde, avant d'accéder au parachèvement de la réparation, l'homme accueille en lui, dans son partsouf spirituel, toute la lumière que le Créateur a préparé pour lui, l'ensemble du NARANHA"I. C'est ce nombre de degrés que doit surmonter l'homme pour s'unir au Créateur. En d'autres termes, l'homme doit observer chaque Commandement dans sa pleine signification spirituelle, c'est-à-dire créer un écran, procéder à la réparation de son égoïsme, faire un zivoug, un Commandement, recevoir en soi la lumière pour faire plaisir au Créateur, lumière désignée par le terme "Torah". Et ceci, à chaque degré.

      En accédant au dernier degré l'homme reçoit l'ensemble de son NARANHA"I, toute la Torah. Cette portion de lumière qui pénètre dans le partsouf spirituel de l'homme est désignée par le terme Torah, ou fragment du Créateur. Il n'existe rien d'autre que

      • le désir d'éprouver du plaisir, réparé par un écran, par l'aspiration à être semblable au Créateur,
      • la lumière divine.

      Pourquoi est-il dit que "la Torah et le Créateur sont identiques" devient alors clair ! Ce qui se produit après le parachèvement de la réparation, nous ne l'étudions pas. Notre tâche est d'y parvenir, nous ne disposons pas de mots pour décrire ce qui est ressenti au degré de la délectation infinie. Le "Tikounei Zohar" l'aborde en partie, cela n'est pas l'objet de nos entretiens.

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©